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Cameroun : les électeurs inscrits en 2025 sur le fichier électoral pourront voter lors de la présidentielle du 12 octobre 

Au Cameroun, une publication virale sur Facebook prétend que les personnes inscrites sur le fichier électoral en 2025 ne voteront pas lors de l'élection présidentielle du 12 octobre. Vérification faite, cette interprétation est erronée.

  • Un post Facebook viral affirme que les électeurs inscrits en 2025 ne pourront pas voter à la présidentielle du 12 octobre.
  • Elecam a précisé que tous les nouveaux inscrits seront bien pris en compte dans le corps électoral, réfutant toute exclusion.
  • Me Hyppolite Meli, avocat au barreau du Cameroun, a confirmé cette position auprès d’Africa Check, validant la conformité juridique du processus.

Les Camerounais sont appelés à élire leur président au cours d'une élection prévue le 12 octobre 2025. Dans ce contexte électoral camerounais, une polémique autour de la participation au scrutin des électeurs inscrits sur la liste électorale en 2025 a pris en grippe des internautes depuis le 14 juillet 2025. 

Le compte Facebook Kand Levant a publié un texte intitulé « C’EST TRÈS GRAVE », réagissant à un communiqué du directeur général des Élections - notamment au passage suivant : «  (...) Les informations relatives à la révision des listes électorales pour l'année 2025 ne seront disponibles sur le portail web qu'au terme des opérations de toilettage qui débuteront dès la clôture de cette révision, à la suite de la convocation du corps électoral pour l'élection du Président de la République ». 

Le compte Facebook Kand Owalski, suivi par 35 000 profils, a réagi en indiquant que le communiqué en question traduit que « toutes les personnes inscrites entre janvier et juillet 2025 ne font pas partie du corps électoral convoqué par décret présidentiel le 11 juillet. Elles n’auront donc pas le droit de voter le 12 octobre prochain. Voilà ce qu’il faut comprendre ». À la date du 4 septembre 2025, ce post a été partagé plus de 260 fois et a suscité des centaines de réactions. 

 

Contexte

Au Cameroun, la campagne pour l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 a officiellement débuté suite à un décret signé par le président Paul Biya, le 12 juillet 2025.

D’après l’article 86 du code électoral camerounais, « le corps électoral est convoqué par décret du Président de la République. L’intervalle entre la publication du décret convoquant le corps électoral et la date fixée pour le scrutin est de quatre-vingt dix (90) jours au moins. Le scrutin doit avoir lieu un dimanche ou un jour qui est déclaré férié et chômé. Il ne peut durer qu’un jour. Le décret convoquant le corps électoral précise les heures d’ouverture et de fermeture des bureaux de vote ».

Me Hyppolite Meli, avocat au Barreau du Cameroun et spécialiste du système électoral, définit le corps électoral comme « l'ensemble de toutes les personnes physiques inscrites sur les listes électorales et ayant la capacité juridique d’exercer leur droit de vote ».

Les différents démembrement d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe chargé de l’organisation des élections au Cameroun, ont reçu les dossiers de candidatures dès le 12 juillet 2025, conformément à l’article 122 du code électoral. Elecam est constitué du conseil électoral et de la direction des élections. Sur les 83 dossiers de candidature déposés, seuls 13 ont reçu l’assentiment du Conseil électoral, dans un premier temps.

D’après l’article 131 du code électoral camerounais, « en cas de contestations ou de réclamations relatives au rejet ou à l’acceptation des candidatures, ainsi que celles relatives à la couleur, au sigle ou au symbole adoptés par un candidat, le Conseil Constitutionnel saisi statue dans un délai maximum de dix (10) jours suivant le dépôt de la requête ». 

À l’issue du contentieux pré-électoral, le Conseil constitutionnel a définitivement validé 12 candidatures pour l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Sur les 13 dossiers initialement retenus par Elecam, celui de Hilaire Macaire Dzipan, représentant du Mouvement Progressiste, a été invalidé à la suite d’un recours introduit par une cadre du même parti, Christiane Moullende, qui dénonçait des irrégularités internes et une pluralité d’investitures. Aucun candidat recalé n’a été repêché, malgré les nombreux recours déposés. 

Les inscrits de 2025 font bel et bien partie intégrante du fichier électoral

Comme le montrent les réactions ci-dessus, le communiqué du patron d’Elecam a laissé planer quelques doutes au sein de l’opinion publique camerounaise. 

À la question de savoir si les électeurs inscrits en 2025 peuvent prendre part à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, Me Hyppolite Meli a répondu à Africa Check : « En principe, ils devraient prendre part. Sauf que, le communiqué du directeur général d’Elecam, qui date du 10 juillet 2025, c'est-à-dire à la veille de la convocation du corps électoral, a laissé planer dans les esprits beaucoup de doutes avec sa notion de toilettage qui allait intervenir après la convocation du corps électoral ». 

Africa Check a aussi saisi Elecam afin d’avoir des précisions sur le communiqué querellé du Directeur général des Élections, Erik Essousse. Face à la gravité des accusations, l’organe chargé de l’organisation des élections au Cameroun a indiqué que l’interprétation faite par les internautes n’était pas exacte. Les inscrits de 2025 font bel et bien partie intégrante du fichier électoral. « À l’occasion de la cérémonie de lancement du nouveau portail web d’Elecam, le Directeur Général des Élections dans sa communication a clairement spécifié que les inscrits de 2025 ne seront disponibles sur le fichier électoral en ligne qu’après toilettage », a souligné Elecam. 

Ce qu’il faut savoir après la convocation du corps électoral au Cameroun

Après la convocation du corps électoral, le processus d’enrôlement des potentiels électeurs s’arrête automatiquement, comme le prévoit l’article 75 (alinéa 2) de la loi électorale camerounaise.

Les dossiers de candidature sont attendus à Elecam pendant les dix jours suivant la convocation du corps électoral conformément à l’article 123 du code électoral. 

En cas de rejet d’un dossier de candidature, les postulants peuvent saisir le Conseil constitutionnel (article 129 du code électoral). Cette institution dispose de 10 jours pour statuer d’après l’article 131 du même code électoral qui stipule : « En cas de contestations ou de réclamations relatives au rejet ou à l’acceptation des candidatures, ainsi que celles relatives à la couleur, au sigle ou au symbole adoptés par un candidat, le Conseil Constitutionnel saisi statue dans un délai maximum de dix (10) jours suivant le dépôt de la requête ». Le Conseil constitutionnel est l’instance compétente en matière de contrôle de la constitutionnalité, selon l’article 2 de la loi mettant en place cette institution.

Selon l’article 6 de la constitution camerounaise, « le Président de la République est élu au suffrage universel direct, égal et secret, à la majorité des suffrages exprimés. Le Président de la République est élu pour un mandat de sept (7) ans. Il est rééligible ». 

Conclusion : les électeurs inscrit en 2025 peuvent participer à l’élection présidentielle du 12 octobre au Cameroun 

 

La polémique née d’un post Facebook de Kand Levant repose sur une interprétation erronée d’un communiqué officiel : contrairement à ce qui est avancé, les électeurs inscrits en 2025 sont bel et bien autorisés à voter lors de la présidentielle du 12 octobre. Elecam, l’organisme en charge des élections au Cameroun, a formellement démenti toute exclusion, une clarification confirmée à Africa Check par Me Hyppolite Meli, avocat au barreau du Cameroun. 

 

Cet article a été réalisé par le journaliste camerounais Solière Champlain Piaka (Le Jour) dans le cadre d’un programme de bourse au sein de la rédaction francophone d’Africa Check, à Dakar, avec le soutien la Fondation Konrad Adenauer.

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