« Quand je prenais le Sénégal en avril 2012, la croissance économique était de 1,7%. Nous sommes partis avec moins de 200 milliards de francs CFA, nous avons travaillé. Est-ce qu’on est resté un mois sans salaire ? Est-ce qu’on n’a pas diminué le prix des denrées ? Est-ce qu’on n’a pas baissé l’impôt des fonctionnaires ? (…) », avait-t-il lancé au public.
Ce même taux de croissance (1,7% en 2012) a été repris par Souleymane Jules Diop, le secrétaire d’Etat chargé du suivi du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC), quelques jours plus tard, dans un entretien avec le quotidien Enquête.
Y a-t-il des preuves pour ce chiffre ?
Africa Check est entré en contact avec le ministre, coordonnateur du Pôle de communication de la présidence de la République. El hadji Hamidou Kassé nous a demandé de visiter « le site de l’Agence nationale des statistiques et de la démographie ou de la Direction des prévisions et des études économiques ».
Qu’en disent ces services spécialisés de l’Etat ?
Chargée du suivi des indicateurs économiques au Sénégal, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), rattachée au ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, fait savoir, à travers une « Note sur la situation économique et financière au titre de l’année 2012 », que « au plan interne, l’activité économique s’est inscrite en hausse de 3,5% en 2012 contre 2,1 % en 2011, à la faveur de la bonne tenue de l’agriculture (17,4%), du secteur tertiaire (+3,7 %) et des activités d’administration publique (+6,4%) ».
De son côté, dans un document intitulé la « Situation économique et sociale du Sénégal en 2012 », l’Agence nationale des statistiques et de la démographie relève qu' au total, "l’activité économique a crû de 3,5% en 2012 contre 2,1% un an auparavant, tirée par le dynamisme du secteur primaire (+9,6% en 2012) et, dans une moindre mesure, par le secteur tertiaire ».
Quel taux de croissance selon les partenaires ?

Dans sa rubrique «Senegal data», la Banque mondiale indique que le PIB du Sénégal a cru de 3,4% en 2012.
Par ailleurs, un «rapport semestriel d’exécution de la surveillance multilatérale» au Sénégal produit par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) renseigne que « l’activité économique enregistrerait un taux de croissance réel de 3,5% en 2012 ».
Présentant son partenaire bilatéral, le ministère français des Affaires étrangères a noté que le Sénégal a connu une croissance économique de 3,7%, il y a quatre ans, c’est-à-dire en 2012.
Le « rapport des services du FMI (Fonds monétaire international) sur les consultations de 2012 » indique qu’au début de 2012, « l'activité économique a souffert de tensions politiques qui ont prévalu avant les élections présidentielles et des effets de la crise au Mali et en Guinée-Bissau ».
Toutefois, précise-t-il, « un rebondissement de l'agriculture après la sécheresse de l'année dernière doperait la croissance du PIB réel à 3,7 % (au lieu de 2,6 % en 2011) ».
Selon l’anthropologue du développement, Cheikh Tidiane Dièye, directeur d’Enda-CACID, une ONG basée à Dakar, «en 2012, le taux le plus commun est de 3,5 à 3,7% ». « Pour plus de détails, consultez les documents de la DPEE, de la Banque mondiale, la France, etc.».
D’ailleurs, depuis la dévaluation du franc CFA, il y a plus de 20 ans, la croissance du PIB a toujours dépassé ce taux avancé par le chef de l’Etat, si l’on se fie aux Perspectives économiques en Afrique, une publication de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Conclusion : Macky Sall se trompe sur le taux de croissance en 2012
Le Sénégal n’a pas connu une croissance économique de 1,7% en 2012 mais près du double. Le taux avancé par le Président Macky Sall est donc incorrect.
En effet, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) et l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) fixent le taux de croissance économique du Sénégal à 3,5% en 2012 et à 2,1% l’année précédente.
Ce taux de croissance est confirmé par les partenaires du Sénégal dont la Banque mondiale (3,4%), le Fonds monétaire international (FMI) (3,7%) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) (3,5%).
Edité par Assane Diagne
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