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Sénégal : 5 % des élèves consomment-ils de la drogue ?

Cet article date de plus de 4 ans

« Les drogues sont bien présentes dans les écoles sénégalaises. Selon des statistiques anciennes, le taux de consommation est de l’ordre de 5 % ». Ce sont les propos attribués par le site Seneweb au coordonnateur général du Comité interministériel de lutte contre la drogue (CILD), le Contrôleur Général de Police Matar Diop.

D’où provient cette statistique ?


Africa Check a contacté par courrier électronique le Coordonnateur du CILD qui indique avoir donné ce taux de 5 % sur la base d’une étude de 2007.

Matar Diop précise que le taux exact est, en fait, de « 5,4 % et il concerne les substances d'utilité médicale mais détournées à des fins illicites ».

Une étude de 2007 qui ne concerne que la région de Dakar


La seule étude réalisée jusque-là sur l'usage des drogues dans les écoles au Sénégal date de 2007, indique à Africa Check Cheikh Diop le coordonnateur du Centre de sensibilisation et d'information sur les drogues (CSID/Jacques CHIRAC) de Thiaroye, dans la banlieue de Dakar.

Il précise qu’elle avait été réalisée « par le ministère de la Santé à travers la Division pour le contrôle médico scolaire, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale.

« Elle avait ciblé l'enseignement général et technique dans cinq Inspections départementales de l'éducation nationale (IDEN) de l'Inspection d'académie de Dakar », précise-t-il.

L’étude ciblait 60 établissements de l’enseignement secondaire du premier cycle des départements de Dakar, Guédiawaye, Pikine et Rufisque. Elle a révélé que sur un échantillon de 3 107 élèves (des classes du premier cycle de l’enseignement secondaire général et technique du public, du privé laïc et du privé catholique), 7 % avaient déjà fumé du tabac, 1,4 % avait déjà fumé du cannabis au cours de leur vie.

Matar Diop, le coordonnateur du CILD, ajoute que, « ce document de 2007 indiquait un taux de 5,4 % de consommation de somnifères ou de tranquillisants sans prescription médicale chez les élèves et 1,5 % de  consommation d’autres drogues comme les solvants et/ou inhalant ».

Qu’est-ce qu’une drogue ?


Le Comité interministériel de lutte contre la drogue (CILD) définit la drogue comme étant « toute substance psychotrope ou psychoactive qui perturbe le fonctionnement du système nerveux central (sensations, perceptions, humeurs, sentiments, motricité) ou qui modifie les états de conscience ».

Sur son site web, le CILD précise qu’une drogue est susceptible d’entraîner une dépendance physique et/ou psychique. Il existe des drogues « qui semblent apaiser, tels que les tranquillisants, le cannabis ou les opiacés ».

Il y a également des drogues qui « stimulent telles que la cocaïne, l’ecstasy ou les amphétamines » ; les drogues qui provoquent « des hallucinations telles que le LSD ou les champignons hallucinogènes ».

Le Coordonnateur du CILD,  Contrôleur général Matar Diop, précise qu’au sens de la loi, « le tabac et l’alcool ne sont pas considérés comme des drogues ».



Pas encore de données au niveau national


Mame Seyni Diéye Cissé, chargée de programme national à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a indiqué à Africa Check que le taux de 5 % de consommateurs de drogue chez les élèves sénégalais « ne peut être vérifié en ce moment ».

Elle ajoute que l’ONUDC attend les résultats d'une enquête nationale sur la consommation des drogues en milieu scolaire menée en décembre 2019.

De son côté, le CILD et ses partenaires travaillent à l’élaboration d’un nouveau « plan stratégique national de lutte contre la drogue qui prévoit la mise en place d’un système national d’information sur les drogues », a révélé son coordonnateur.

Le processus est en cours avec le projet de création de l’Observatoire sénégalais des drogues et addictions (OSDA) dont plusieurs étapes ont été franchies, précise-t-il.

Le cannabis, principale drogue consommée au Sénégal


En 2014, 95,2 % des personnes sous traitement pour usage de drogue (hors alcool) ont déclaré consommer du cannabis, selon des données d’une étude (page 142) de l’ONUDC consultées par Africa Check.

Ce taux était en baisse en 2016 avec 91,9 % et en 2017 avec un taux de 89 %. Le même document indique que 5,1 % des personnes sous traitement en 2017 le sont pour consommation d’héroïne.



 

Conclusion : le taux de 5 % date de 2007 et ne porte que sur 60 écoles de la région de Dakar


Le site Seneweb a récemment publié une information selon laquelle « 5 % des élèves consomment de la drogue » dans les écoles sénégalaises. Le média attribue cette déclaration à Matar Diop, le coordonnateur général du Comité interministériel de lutte contre la drogue (CILD).

Cependant, ce dernier a précisé à Africa Check qu'il s'agit en fait de chiffres tirés d'une étude de 2007.

L'étude en question n'a porté que sur 60 établissements de l’enseignement secondaire du premier cycle des départements de Dakar, Guédiawaye, Pikine et Rufisque, selon le coordonnateur du Centre de sensibilisation et d'information sur les drogues (CSID/Jacques CHIRAC) de Thiaroye.

Selon Mame Seyni Diéye Cissé, chargée de programme national à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), une enquête nationale sur la consommation des drogues en milieu scolaire a été menée en décembre 2019 mais elle n'a pas encore été publiée.

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