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Religions au Sénégal : « 95 % de musulmans et 5 % de chrétiens », sur quoi reposent ces chiffres ? (Analyse)

Médias, politiques, islamologues et autres intellectuels affirment depuis des décennies, très souvent sans donner de sources concrètes, que le Sénégal compte 95 % de musulmans et 5 % de chrétiens. Mais sur quoi repose cette statistique figée dans le temps ?

Sur Twitter, un internaute sénégalais a partagé le 17 août 2021 des statistiques sur la population du Sénégal. L’une d’elles indique que ce pays d’Afrique de l’Ouest compte « 95 % de musulmans, 5 % de chrétiens ». L’internaute en question a même indiqué sa source : la World Population Review (Revue de la population mondiale), une organisation indépendante dont le but est de faciliter l’accès aux données démographiques. Ce tweet a, depuis, été effacé mais nous en avons récupéré l’archive ci-dessous grâce à Wayback Machine, outil développé par la bibliothèque numérique Internet Archive, qui permet d’avoir des versions antérieures de pages web, y compris de certaines publications supprimées.

Capture d'écran de la publication

 

La plupart des réactions suscitées par le tweet ne portaient pas sur les chiffres rapportés qui revêtent toutes les caractéristiques d’un axiome, c’est-à-dire une sorte de maxime ou une vérité reconnue par tous sans discussion.

C’est parce que ces données sont récurrentes dans les communications à destination du public, elles semblent immuables et résistent dans l’opinion aux changements inhérents à la démographie, à l’évolution des sociétés et au temps. Elles figurent au nombre des premières informations fournies lorsqu’il s’agit de présenter le Sénégal.

Nous avons étudié d'où viennent les chiffres sur l’appartenance religieuse de la population au Sénégal, pour en faire ressortir les éléments factuels.

Auparavant, précisons-le pour celles et ceux qui ne sont pas familiers du Sénégal : dans ce pays, on ne peut parler d’islam sans évoquer les confréries ou, comme on peut l’entendre dans les médias audiovisuels ou dans les discussions entre Sénégalais, « tarikhas » (ou encore « tarixas » ou encore « tariqas »).

Les confréries, communautés musulmanes importantes au Sénégal

Nicolas Simel Ndiaye est l’un des fondateurs du groupe de réflexion (think tank) L’Afrique des Idées qui travaille sur diverses questions « en lien avec l’Afrique ». Ndiaye parle d’« un islam des confréries » dans la première partie d’une analyse sur « les confréries religieuses en politique au Sénégal » publiée le 26 août 2011 sur le site du think tank. Les confréries « sont des communautés de fidèles regroupés autour de chefs religieux charismatiques », écrit-il. Ces guides religieux ont contribué à faire de l’islam dans le pays « une religion des masses » à partir du 18ème siècle, alors qu’elle était au départ « une affaire d’élites ». « La confrérie va ainsi devenir le cadre privilégié des musulmans du Sénégal ; elle va aussi imprégner toutes les sphères de la vie des fidèles du fait notamment d’un mode d’organisation spécifique », renseigne encore Nicola Simel Ndiaye.

« Parallèlement aux confréries, s'activent des foyers autonomes », qui sont « sous l’égide de certaines familles », souligne de son côté Birane Wane, un ancien colonel de la gendarmerie sénégalais, dans une thèse de doctorat en socio-anthropologie soutenue en octobre 2010 à l’Université Paris-Est et traitant du « poids des confréries » dans l’islam au Sénégal. Cet officier ayant notamment été, selon le journal EnQuête, l'aide de camp du président sénégalais Léopold Sédar Senghor, cite également plusieurs groupes ou animateurs marquants pour les confréries : les « dahiras » (ou « daahiras », des « groupes d’adeptes (…) ayant prêté allégeance au même guide »), les « daaras » (écoles coraniques), les « mouvements et associations islamiques » qui sont les « fers de lance de la vivification des confréries ».

Des pèlerins de la confrérie des Mourides font la queue pour entrer dans la grande mosquée lors du pèlerinage musulman annuel du Grand Magal des Mourides à Touba, le 15 septembre 2022. MUHAMADOU BITTAYE / AFP
Des pèlerins de la confrérie des Mourides font la queue pour entrer dans la grande mosquée lors du pèlerinage musulman annuel du Grand Magal des Mourides à Touba, le 15 septembre 2022. MUHAMADOU BITTAYE / AFP

« Quatre confréries principales »

« Au Sénégal, la majorité de la population musulmane s’identifie aux quatre confréries principales : la quadrya (autres orthographes : qadiriyya, qadriya, quadirya, khadrya, NDLR), la tidjanya (autre orthographe : tidianya), la mouridya (autre orthographe : mouridiyya, NDLR) et (la) layeniyya (autre orthographe : layêniyya, NDLR). Ces ordres religieux mobilisent des adhérents et véhiculent un référentiel islamique a priori rétif à toute forme de violence », affirme le Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (Cheds), un établissement public rattaché à l’état-major particulier de la présidence du Sénégal, dans un document d’information (« Briefing paper ») publié en octobre 2021. Dans cette brochure, il se penche sur « Le rôle des confréries religieuses dans la prévention de l’extrémisme violent au Sénégal ».

Les adeptes de la khadriya sont appelés khadres (ou qadres ou encore khadirs) ; ceux de la tidjanya sont des tidianes (ou tidjanes) ; ceux de la mouridya sont des mourides ; ceux des layeniyya sont des layènes. Le chef d’une confrérie est un « khalife général » (calife).

« En effet, pour beaucoup de Sénégalais, les confréries incarnent une forme syncrétique d’un islam tolérant, et les guides religieux représentent à leurs yeux, des références. Ces confréries jouissent d’une grande notoriété auprès de leurs fidèles qui vouent un amour immense à leur guide spirituel », explique le Cheds dans sa brochure d’octobre 2021.

Pas de détails sur les chrétiens et les adeptes de religions traditionnelles du Sénégal 

Au Sénégal, les chrétiens représentent une minorité très visible et active. Selon des témoignages directs et données non officielles, il s’agit essentiellement de catholiques. Des églises protestantes, animées par différents courants, existent également, leurs paroissiens étant surtout composés de ressortissants non sénégalais, d’après des archives de 2014 de la Communauté évangélique d'action apostolique (Cevaa), qui regroupe des églises protestantes à travers le monde.

Quant aux religions traditionnelles, elles font l’objet de peu de détails. 

La loi encadre la publication des données portant sur les convictions religieuses

La première chose à savoir est que la législation sénégalaise encadre la publication des données relatives aux convictions religieuses. La loi n° 2008-12 du 25 janvier 2008 portant sur la Protection des données à caractère personnel caractérise les données sur la religion comme étant « sensibles » et interdit, en son article 40, « de procéder à la collecte et à tout traitement qui révèlent l’origine raciale, ethnique ou régionale, la filiation, les opinions politiques, les convictions religieuses ou philosophiques (...) ».

Dans un courriel à Africa Check, la Commission de protection des données personnelles (CDP) du Sénégal explique qu'en vertu de cet article 40 de la loi n°2008-12 du 25 janvier 2008, « la collecte et le traitement de ces données sensibles sont en principe interdits. En raison de leur caractère sensible, le traitement de ces catégories de données est susceptible de générer des risques de discrimination à l’égard des personnes concernées ».

« En principe », car ladite loi prévoit des exceptions. Plusieurs dispositions de l’article 41 mentionnent la non-application de l’interdiction dans certains cas, incluant la possibilité pour des organismes en mission d’intérêt public de procéder à la collecte et au traitement de données personnelles relatives aux convictions religieuses.« Le traitement, en soi, doit, entre autres, faire l’objet d’une demande d’autorisation préalable auprès de la CDP ; respecter strictement la finalité poursuivie, le consentement préalable et les droits des personnes concernées ; et prévoir des mesures de sécurité et d’anonymisation conformes aux standards », précise la CDP.

À cet effet, tout organisme qui envisage de traiter des données sensibles – comme celles sur la religion – à des fins d’enquête doit prendre des mesures appropriées auprès de la Commission. « À ce titre, l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) est habilitée à la collecte de telles données », relève la Commission de protection des données personnelles.

Au regard de cette loi qui encadre la publication des données portant sur les convictions religieuses, nous avons demandé à la CDP le crédit qu’elle accordait aux chiffres sur l’appartenance religieuse des Sénégalais faisant état de 95 % de musulmans et 5 % de chrétiens. Elle nous a recommandé de nous référer à l’ANSD, nous rappelant que ses attributions se limitent au contrôle de la régularité des traitements de données à caractère personnel, au respect des libertés individuelles et, en particulier, le droit à la vie privée.

Données sensibles

Le Sénégal a réalisé quatre opérations de recensement se rapportant à tous les habitants, ou recensements généraux de la population et de l’habitat (RGPH): en 1976, en 1988, en 2002 et en 2013. Le prochain recensement débutera à la mi-2023.

La dernière fois que l’ANSD a fourni des données publiques et complètes sur la répartition de la population du Sénégal selon la religion, c’était à la publication du Recensement de la population et de l’habitat de 1988.

« La population du Sénégal est essentiellement musulmane (93,8 %). Les 6 % restants sont partagés entre le christianisme (4,3 %) et les autres religions, animisme principalement (1,6 %) », peut-on lire dans le rapport de ce recensement (page 27). « Parmi les musulmans, les tidianes sont de loin de taille plus considérable. Ils représentent 47,4 %. Ils sont suivis des mourides avec un pourcentage de 30,1 %. Viennent ensuite les khadirs (également appelés khadres ou qadr, NDLR) avec 10,9 % », est-il indiqué. Le tableau de la « répartition de la population résidente selon la religion et la région » (page 28) mentionne également les layènes et « autres musulmans ».

Depuis lors, des informations sur la religion et l’ethnie ont été collectées par l’Agence lors des recensements qui ont suivi celui de 1988 mais elles n’ont pas été publiées, compte tenu de leur caractère sensible.

  • Note de l’auteur : Dans les Enquêtes démographiques et de Santé, l’ANSD publie des données sur la variable « religion » mais elles sont circonscrites à la tranche d’âge des 15-49 ans.

« Des données recueillies ne sont pas forcément des données qu'on diffuse », déclare Aboubacar Sedikh Beye, directeur général de l’ANSD, dans un entretien avec Africa Check. Par exemple, indique-t-il, « des modèles internes de travail permettent de voir que l’excision est plus prévalente chez certains groupes ethniques. En interne, pour des besoins de planification du pays, ce sont des informations qu'on utilise et qui permettent d'orienter la décision de l'autorité sur là où il faut mettre le curseur pour juguler un certain nombre de problèmes. Il faut comprendre aussi cette partie où on ne peut pas dire à la face du public que l’excision c'est tel groupe ethnique qui la pratique. Vous voyez la sensibilité du sujet ». 

Des enfants de chœur allument des cierges à l'entrée de l'église lors de la veillée pascale sur l'île de Fadiouth, au Sénégal, le 3 avril 2021. Le village de Fadiouth se trouve sur une île de coquillages et un pont piétonnier le relie à la partie continentale du Sénégal. Le Sénégal dans son ensemble est majoritairement musulman, mais l'île de Fadiouth est en majorité chrétienne. JOHN WESSELS / AFP
Des enfants de chœur allument des cierges à l'entrée de l'église lors de la veillée pascale sur l'île de Fadiouth, au Sénégal, le 3 avril 2021. Le village de Fadiouth se trouve sur une île de coquillages et un pont piétonnier le relie à la partie continentale du Sénégal. Le Sénégal dans son ensemble est majoritairement musulman, mais l'île de Fadiouth est en majorité chrétienne. JOHN WESSELS / AFP

Pas « de changements importants depuis 1988 »

Cependant, l’obtention auprès de l’ANSD de ces « informations sensibles », comme celles sur la religion, se fait sur demande. « Si un chercheur fait une demande de ces informations, l’Agence peut les lui fournir, mais il faut que cela soit argumenté ; c’est-à-dire qu’il faut que le chercheur dise par exemple pourquoi il a besoin de l’information. À ce moment, sa demande, si elle est vraiment bien argumentée, est étudiée au niveau de la Direction du management de l’information, et une réponse est donnée. Ça dépend vraiment de l’utilisation qui va en être faite par le chercheur », explique Pape Ibrahima Sène, conseiller technique en charge des questions démographiques à l’ANSD. La religion et l’ethnie sont des sujets sensibles au Sénégal, souligne Sène :  « On encadre certains paramètres dans un souci d’équilibre social. Les statistiques sont là pour rendre service à la société, pas pour la détruire. Dans chaque pays, il y a des sensibilités qu’on préserve ».Toutefois, ce démographe atteste que les données sur la répartition de la population selon la religion n’ont pas connu de changements importants depuis 1988. « Nous faisons des enquêtes sur la religion et nous savons que ça n’a pas bougé, sauf peut-être au niveau décimal. Dans les Enquêtes démographiques et de Santé continue, vous verrez qu’il y a la variable religion qui intervient. Il est bien vrai que ça concerne la sous-population des 15-49 ans, chez les hommes comme chez les femmes, (mais) ce que vous obtenez, c’est presque la même chose que si vous aviez pris toute la population ».

Données de structures, tendances lourdes

Ce qu’il faut comprendre, selon Aboubacar Sedikh Beye, c’est que, pour certaines variables démographiques, il y a ce qu’on appelle des « tendances lourdes », des « données de structures » qui varient très faiblement.

« Quand on dit que 30 % de la population a moins de 25 ans ou moins de 30 ans, dans la génération qui vient, sur les 25 prochaines années, il faut savoir que ça va être ça. Il y a des variables qui sont beaucoup plus volatiles, qui peuvent bouger rapidement, et il y a des données de structure telle que la répartition (de la population) par affiliation religieuse. Quand vous partez de 95 % (de musulmans) et 5 % (de chrétiens), il est extrêmement faible que vous puissiez voir ce chiffre-là bouger. C’est une donnée de structure », explique Beye.

Cette donnée pourrait changer dans le « cas extraordinaire » où il y a des migrations très fortes, très importantes, qui surviennent, note-t-il : « Et là on parle de changement de structure. C’est important de comprendre ces aspects-là ».

C’est à travers des enquêtes régulières, comme les Enquêtes démographiques et de Santé continue, que l’agence statistique sénégalaise surveille d'éventuels changements ou évolutions importantes en rapport avec des données de structure comme celles sur la religion ou sur la mortalité maternelle. Lorsque survient un changement important par rapport à une variable donnée, l’ANSD approfondit l’enquête lors de son prochain recensement afin d’en déterminer l’origine. « Mais, pour ce qui est de la religion, il n’y a presque pas eu de changement », renchérit Pape Ibrahima Sène.

« Maintenant, il y a les confréries. Quand on entre dans la religion musulmane, il y a des branches, et c’est là où il y a vraiment des changements. Parce qu’il y a des confréries émergentes qui puisent dans les autres, ce qui explique ces changements. C’est là où c’est sensible, et on ne veut pas créer des problèmes », confie le démographe de l’ANSD.

Une précaution, comme on l’entend, fondée sur la nécessité de préserver la cohésion sociale.

Illustration de la « sensibilité » du traitement des données relatives à la religion : en 2019, ont été publiés les premiers volumes - cinq sur vingt-cinq prévus - d’une encyclopédie dite « Histoire générale du Sénégal », visant à « décoloniser » ce récit du passé. L’évènement a été marqué par une polémique : des familles religieuses en ont contesté des passages d'un des volumes, lui reprochant notamment, selon l’expression d’un responsable mouride cité par la presse, « des erreurs chronologiques, des erreurs hiérarchiques, des erreurs factuelles ». Les auteurs de la collection ont décidé de le corriger et de retirer de la vente les exemplaires déjà mis sur le marché.

Au demeurant, le Sénégal est souvent cité comme un exemple de dialogue islamo-chrétien, un pays où les différentes confessions religieuses cohabitent dans une certaine harmonie. « Comme illustration de l’entente entre les deux communautés religieuses, le diplôme décerné par le Pape François Premier pour honorer le Sénégal dans ces œuvres pour la paix entre les chrétiens et les musulmans. Quand les fêtes chrétiennes arrivent, les musulmans sont invités à venir y prendre part et vice versa. Un symbole qui magnifie cette union des cœurs », illustre Dr Moustapha Samb, maître de conférences au Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’information (Cesti) de Dakar.

Dans son ouvrage Musulmans et chrétiens au Sénégal, publié en 2021, Abdoul Aziz Kebe, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et ancien délégué au pèlerinage (2016-2023), parle de cette « cordialité sociale » et de son « influence sur l'éducation ».

« Il est bon de savoir d'où vient le vivre-ensemble que nous considérons comme acquis et de savoir l'adosser à ses ressorts socio-historiques et socio-culturels pour comprendre ce qui nous appartient et ne pas suivre le flux d'informations qui nous vient de l'extérieur et qui pourrait gâcher notre vivre-ensemble », souligne l'auteur.  

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Je crois qu'il faut attendre le recensement de 2023
le pourcentage de chrétiens a véritablement augmenté... vous serez surpris

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