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DANIEL SORABJI / AFP

FICHE D’INFO - Cartographie du diabète en Afrique

La journée mondiale du diabète a été célébrée le 14 novembre 2022. Cette fiche d’informations présente les dernières statistiques disponibles sur cette maladie en Afrique.

Cet article date de plus de 1 an

Le diabète est « une maladie chronique grave qui apparaît lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline (l'hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang) ou lorsque l’organisme n’utilise pas correctement l’insuline qu’il produit », note l’Organisation des Nations unies (ONU).

En 2022, le thème retenu pour la journée mondiale du diabète est « Accès aux soins du diabète ». C’est le même thème retenu en 2021 et pour l’année 2023.

La Journée mondiale du diabète a été initiée en 1991 à l’initiative de la Fédération internationale du diabète (FID) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Elle est célébrée chaque année le 14 novembre, date d’anniversaire du médecin et scientifique canadien Frederick Banting (1891-1941), qui avait découvert l’insuline avec son confrère Charles Best en 1922. La Journée mondiale du diabète est devenue une journée officielle des Nations Unies en 2006, avec l’adoption de la résolution A/RES/61/225 par l'Assemblée générale de l'ONU.

 

En Afrique, près de 44 millions d’adultes souffrant du diabète en 2021

La région Afrique de la FID compte en réalité 48 pays d’Afrique subsaharienne et ne prend pas en compte certains pays africains dont ceux d’Afrique du Nord.

L’Algérie, l’Egypte, la Libye, le Maroc, le Soudan et la Tunisie sont classés dans la région Moyen Orient et Afrique du Nord. L'Île Maurice est classée dans la région Asie du Sud-Est.

Nous avons additionné les données de ces pays à celles des pays de la région Afrique de la FID pour avoir des données compilées pour tous les pays du continent africain. 

 

Ainsi, à l’échelle du continent entier, ce sont 43 945 200 adultes qui vivaient avec le diabète en 2021, pour 640 735 morts, selon nos calculs basés sur les dernières estimations de la FID publiées dans son Atlas du diabète en 2021.

 

Un flacon vide d'Insulin lispro de la multinationale pharmaceutique française Sanofi est photographié comme une illustration arrangée à Londres, le 21 février 2019. DANIEL SORABJI / AFP
Un flacon vide d'Insulin lispro de la multinationale pharmaceutique française Sanofi photographié à Londres, le 21 février 2019.
DANIEL SORABJI / AFP

 

L’Afrique de l’Ouest enregistre les plus faibles taux de prévalence

Africa Check a interrogé le cardiologue comorien Anssoufoudine Mohamed. Il est le chef du service de Médecine du Centre hospitalier de référence insulaire (CHRI) de Hombo-Anjouan aux Comores. Il est également le point focal national sur les maladies non transmissibles et collaborateur de l’ONG Santé Diabète fondée en 2001.

Dr Mohamed observe que l’Afrique de l’Ouest enregistre des taux de prévalence plus faibles par rapport aux autres régions du continent.

 

 

Prévalence comparative

Mais pour une comparaison « plus juste » du taux de prévalence du diabète chez les adultes, la FDI recommande de se baser sur « la prévalence comparative ajustée à l'âge, également appelée prévalence comparative ». La FID explique que quand on calcule la prévalence comparative, on « l'ajuste à la structure d'âge d'une population standard ». 

« Dans la 10e  édition de l'Atlas du diabète de la FID, la population standard est la population des Nations unies pour 2021, 2030 ou 2045 », souligne la Fédération internationale du diabète.

« L'ajustement des taux est un moyen de faire des comparaisons plus justes entre des groupes ayant des distributions différentes. Les taux ajustés selon l'âge sont les taux qui auraient existé si la population étudiée avait la même distribution d'âge que la population », précise la FID.

 

 

La majorité des Africains atteints du diabète ne le savent pas

Le Pr Jean-Marie Dangou, coordinateur du programme de gestion des maladies non transmissibles (MNT) au Bureau de l’OMS pour l’Afrique, a indiqué à Africa Check que « dans la Région africaine (de l’OMS), la majorité des personnes atteintes du diabète ne le savent pas ».

« Ceci retarde leur prise en charge par les services de santé et occasionne la survenue de complications dont la prise en charge est onéreuse pour les malades et leurs familles. Dans de nombreux pays africains, les gens ne disposent pas de mutuelle ou d’assurance de santé pour payer leurs soins et médicaments ; les coûts sont directement supportés par les malades et leurs familles concourant ainsi à leur appauvrissement », souligne Pr Dangou. 

Pour Stéphane Besançon qui est professeur associé en Santé mondiale au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) de Paris, les défis à relever dans la lutte contre le diabète en Afrique sont la prévention, « l’accès aux traitements qui restent très chers » et la formation des professionnels capables de prendre en charge des malades du diabète.

« C’est une maladie chronique, il faut payer tout le temps. Donc l’urgence est d’inclure tout ça dans les sécurités sociales et couvertures sanitaires universelles. C’est aussi d’avoir suffisamment de professionnels de santé formés pour prendre en charge les patients. Et au niveau de la prévention, c’est d’avoir de vrais programmes de prévention massifs qui vont permettre de changer les habitudes de consommation alimentaire, la pratique de l’activité physique par des campagnes massives », recommande Pr Besançon qui dirige également l’ONG Santé Diabète.

 

 

Au Burkina Faso, en Centrafrique, en Gambie, en Guinée, en Guinée Bissau, au Libéria, au Mali, au Mozambique, au Niger, en République démocratique du Congo, au Sénégal, en Sierra Leone, au Tchad et au Togo, la proportion de diabète non diagnostiqué chez les adultes (entre 20 et 79 ans) est de 86,7 %. Ce sont les taux les plus importants sur le continent. 

On remarque notamment que plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest affichent des taux importants de diabète non diagnostiqué chez les adultes (entre 20 et 79 ans) ce qui explique, entre autres, le faible taux de prévalence national de diabète dans cette sous-région.

Margot McCumisky, la directrice de l'Office national du Diabète en Afrique du Sud (Diabetes South Africa National Head office) souligne, dans un entretien à Africa Check, que « le manque de connaissances, d'informations et de soutien pour les patients et le grand public » représentent un problème majeur dans la lutte contre cette maladie sur le continent. 

« Dans certains pays, note-t-elle, l'insuline n'est pas facilement disponible, alors qu'elle l'est en Afrique du Sud ».  

 

« L'éducation et le soutien dans la gestion du diabète sont le lien vital pour parvenir à une bonne gestion, à un traitement efficace afin de prévenir ou de retarder les complications dévastatrices qui peuvent se développer à partir d'un diabète non géré, c'est-à-dire les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, les amputations, l'insuffisance rénale et la mort prématurée », avertit McCumisky.

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