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FICHE D'INFO : la tuberculose, « un problème de santé publique » au Sénégal

Cet article date de plus de 5 ans

Pour faire le point sur la tuberculose, Africa Check s’est appuyé sur les données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mais aussi sur l’expertise de Docteur Marie Sarr Diouf, coordonnatrice du Programme National de Lutte contre la Tuberculose au ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal.

Qu’est-ce que la tuberculose ?


L’OMS, dans un article mis en ligne en février 2018, indique que c’est une maladie due à une bactérie, le bacille de Koch (Mycobacterium tuberculosis), qui attaque le plus souvent les poumons.

Docteur Marie Sarr Diouf ajoute que le microbe « se loge certes le plus souvent au niveau des poumons, mais d’autres organes peuvent être atteints ».

Plusieurs formes de tuberculose existent


Docteur Marie Diouf Sarr précise qu’ « il existe plusieurs formes de tuberculose ».

« Mais il se trouve que  la tuberculose pulmonaire est la seule forme contagieuse. C’est surtout la forme contagieuse qui oriente vers les aspects de santé publique ».

« On peut avoir d’autres formes de tuberculose qui ne sont pas contagieuses (mal de pott ou tuberculose des os, de l’œil, du cerveau, du péritoine, de la plèvre, du rein, des ganglions etc.) »

« La seule qui est contagieuse est la tuberculose pulmonaire », insiste Dr Diouf.

Pour une meilleure compréhension de cette maladie, Médecins Sans Frontières propose une brève vidéo intitulée « 5 minutes pour comprendre la tuberculose aujourd’hui », publiée sur sa chaîne YouTube. La vidéo a été mise en ligne le 26 décembre 2017.

Comment se transmet la tuberculose pulmonaire ?


« Lorsqu’une personne atteinte de tuberculose pulmonaire crache, tousse ou éternue, elle projette les microbes dans l’air ».

Ce qui veut donc dire, souligne Dr Diouf, que « c’est en inspirant ces microbes dans un espace fermé qu’une personne saine peut attraper la maladie. La tuberculose pulmonaire se transmet seulement par voie aérienne », affirme-t-elle.

Les principaux signes révélateurs de la maladie sont, souligne Marie Sarr Diouf : « Une toux persistante de plus de 15 jours, une fièvre et des sueurs nocturnes, un manque d’appétit, un amaigrissement et de la fatigue ».

« Parfois, la maladie peut se compliquer (en engendrant) des crachats sanguinolents », ajoute la coordonnatrice du Programme National de Lutte contre la Tuberculose au Ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal.

Les facteurs favorisant la tuberculose pulmonaire


Dr Marie Sarr Diouf dresse une liste des facteurs favorables à la survenue de la tuberculose. Elle indique qu’il s’agit principalement de « la promiscuité, de la malnutrition, du diabète, du VIH/Sida, des drogues prises par voie injectable ».

Il y a également d’autres facteurs comme « l’alcoolisme chronique, les traitements à base de corticoïdes au long cours, les traitements anticancéreux », entre autres.

Un problème de santé publique


« Difficile de dire que la tuberculose inquiète la population sénégalaise mais c’est un problème majeur de santé publique en Afrique et au Sénégal, et la mise en place d’un programme national de lutte contre la tuberculose depuis 1985 est la réponse de l’Etat à cette endémie », nous apprend Dr Diouf

Elle poursuit : « La tuberculose est une priorité sanitaire nationale et beaucoup de ressources sont allouées à la lutte à travers l’Etat et les partenaires ».

« Toutefois le Sénégal ne fait pas partie des pays africains où la charge morbide est très élevée à l’instar des pays de l’Afrique australe et centrale ».

Un malade de tuberculose guéri, est « sauvé »


« La tuberculose se guérit et le traitement dure au moins 6 mois », indique la coordinatrice du programme nationale de lutte contre la tuberculose.

« Sauver, c’est le concept  maintenant utilisé par l’OMS et les gouvernements pour montrer le succès du traitement. La tuberculose c’est une maladie quand même assez grave. Si on ne guérit pas de la  tuberculose, on en décède. Si (le tuberculeux) ne décède pas, on l’a sauvé », explique Marie Sarr Diouf.

Accès aux soins


« Il n’y a pas de difficultés, mais le problème est de savoir est ce que les populations atteintes de tuberculose ont recours aux structures de santé et à temps », interroge Dr Diouf.

Autre inquiétude, « il y’a aussi un problème d’ignorance de la maladie qui freine l’accès aux soins. Par exemple, 52% de la population seulement connaissent les signes cardinaux de la tuberculose, selon l’enquête CAP de 2017 (Comportement Attitude Pratique) ».

« Les médicaments sont disponibles et gratuits dans les structures de santé, Mais c’est un traitement supervisé ».

D’anciens malades de la tuberculose, aidés par des volontaires, ont par ailleurs mis sur pied l’association « Help Tb » en vue « d’accompagner les malades dans la lutte contre la maladie ».

Son président Mouhamadou Niang indique que l’association a « des relais communautaires qui aident les structures de santé dans la prise en charge des malades ».

Il ajoute que « le malade tuberculeux a certes besoin de soins, mais a (surtout) besoin d’être accompagné sur le plan nutritionnel. Il a besoin également d’être accompagné sur le plan sanitaire, par rapport aux moyens de déplacement d’une zone à une autre ».

Mouhamadou Niang confirme que « les malades sont traités gratuitement », en précisant que les malades multi résistants, qui ont des traitements plus compliqués et plus longs, ont un appui financier mensuel.

Statistiques sur la tuberculose au Sénégal


Dr Marie Diouf Sarr, qui cite le ministère de la Santé et de l’Action Sociale du Sénégal, mais aussi la base des données de l’OMS communiquées par pays sur la tuberculose, indique que « la mortalité au Sénégal est de 18 sur 100 000 habitants ».

En outre, « plus de 13 000 patients ont été sauvés de la tuberculose en 2018. Le taux de succès au traitement des patients est de 87 %. L’incidence a baissé de 140 cas sur 100 000 habitants à 122 cas sur 100 000 habitants en 2017 mais il y a encore des cas manquants, un cas sur trois n’est pas détecté », souligne-t-elle.

Et dans le monde


« On estime que le diagnostic et le traitement de la tuberculose ont permis de sauver 53 millions de vies entre 2000 et 2016 », indique l’OMS.

Mais si on ne se soigne pas, on peut en mourir, ce qui est le cas aujourd’hui dans de nombreux pays. « En 2016, 10,4 millions de personnes ont contracté cette maladie et 1,7 million en sont mortes (dont 0,4 million ayant aussi le VIH [le virus du Sida, NDLR]) », indique encore l’agence onusienne en charge de la Santé.

Elle ajoute que « plus de 95 % des décès dus à la tuberculose surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ».

Comment prévenir la tuberculose


« Avec une transmission aérienne, la prévention est complexe mais des gestes simples peuvent aider la communauté ».

Il faut, selon Dr Diouf, « tenir nos habitations aérées et ensoleillées, se  couvrir la bouche en cas de toux ou d’éternuement, vacciner les enfants au Bacille Calmette et Guérin (BCG) à la naissance (protection non optimale).

Il faut veiller également à « orienter tous les tousseurs chroniques de 15 jours vers les structures de santé pour qu'ils se fassent dépister; et « le patient diagnostiqué tuberculeux, ne doit pas dormir avec une autre personne dans la même chambre au moins pendant 15  à 21 jours (arrêt de la toux) », insiste Marie Sarr Diouf.

Par-dessus tout, il faut « aider le malade tuberculeux à  se soigner jusqu’ à la guérison totale ».
Lire aussi : FICHE D’INFO – La tuberculose en Côte d’Ivoire : chiffres et acteurs de la lutte

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