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Attaque djihadiste au Burkina Faso : cette image est mise hors contexte  

EN BREF - Cette photo a été prise à la suite du coup d'État militaire avorté de septembre 2015 au Burkina Faso. Un groupe de soldats avait alors tenté de renverser le gouvernement de transition mis en place après le départ du pouvoir de Blaise Compaoré, qui a dirigé le pays de 1987 à 2014. L’image a été prise le 29 septembre 2015 par le photographe Théo Renaut pour l’agence américaine de presse Associated Press (AP).

Au Burkina Faso, les provinces de Bam (centre-nord) et Nayala (nord-ouest) ont été le théâtre d’une série d'attaques terroristes le 19 janvier 2023. Au moins 18 personnes ont été tuées, d'après un article publié le 20 janvier 2023 par le site internet de Radio France Internationale (RFI), se fondant sur des sources sécuritaires de l'Agence France-Presse (AFP).  

Ces attaques sont également évoquées le 20 janvier 2023 sur Facebook par la page ivoireinfotv.net :  « Burkina : au moins 18 morts dans 2 attaques de djihadistes. Au moins 18 civils, dont 16 supplétifs de l'armée, ont été tués jeudi lors de deux attaques de djihadistes présumés dans le nord et le nord-ouest du Burkina Faso, a appris l'AFP vendredi de sources sécuritaires. », a-t-elle écrit. Sa publication est illustrée par une photo censée montrer une des attaques djihadistes en question.

Capture d'écran de la publication

La page ivoireinfotv.net a été créée le 22 mars 2020. Elle se définit comme un portail audiovisuel d'actualités et d'informations. Elle est gérée depuis la France, les États-Unis et la Côte d’Ivoire, tel que mentionné dans sa partie « Transparence ».

Capture d'écran de la publication

Photo datant de 2015

La recherche inversée d’images à partir du logiciel TinEye nous indique que cette photo n'est pas celle d'une des attaques à Bam et Nayala.

Elle apparaît dans un article mis en ligne le 26 novembre 2015 par VOA Afrique, le service francophone pour l’Afrique du média gouvernemental états-unien Voice of America (La Voix de l’Amérique). Selon la légende, la photo montre des gendarmes burkinabè ayant pris « position autour de Ouagadougou », la capitale de leur pays, le 29 septembre 2015. Elle est signée de Théo Renaut, un photographe français, pour l’agence américaine de presse Associated Press (AP).

Capture d'écran d'une photo publiée par le site de VOA Afrique le 26 novembre 2015.

La même image, avec le même crédit d'auteur, figure effectivement dans la banque d'images d'AP.

Capture d'écran d'une photo datée du 29 septembre 2015 visible dans la banque d'images de l'agence AP.

 

Dans la foulée d'un putsch avorté

La photo utilisée par la page Facebook ivoireinfotv.net dans sa publication du 20 janvier 2023 sur les attaques djihadistes au Burkina Faso a été prise dans la foulée du coup d'État militaire avorté de septembre 2015 dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Un groupe de militaires mené par le général Gilbert Diendéré avait alors tenté de renverser le gouvernement de transition mis en place après le départ du pouvoir de Blaise Compaoré, qui a dirigé le Burkina Faso de 1987 à 2014.

Le commando était membre du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), une unité d’élite de l'armée réputée loyale à Compaoré, dont une commission nationale avait recommandé la dissolution. Selon une chronologie des évènements de l'époque rappelée par l'encyclopédie francophone de référence Universalis, les putschistes ont annoncé le 17 septembre 2015 avoir destitué le président de transition Michel Kafando, et dissout les instituons intérimaires l'année précédente. Le 22 septembre 2015, des militaires soutenant la transition et les putschistes ont convenu de restaurer le pouvoir de Michel Kafando et les instituons de transition. Le RSP a été dissout trois jours plus tard, mais certains de ses membres, retranchés dans un camp militaire, ont affronté les soldats loyalistes. Les combats ont fait au moins 14 morts et quelque 270 blessés, selon un bilan régulièrement rapporté par la presse, dont le magazine panafricain Jeune Afrique dans un article publié le 19 juin 2019.

Plus de 80 personnes ont été inculpées en lien avec le putsch avorté de septembre 2015, incluant ses instigateurs présumés : le général Gilbert Diendéré et le général Djibrill Bassolé, qui fut un ministre de Blaise Compaoré et son bras droit.

Le procès s'est ouvert fin février 2018, le verdict a été rendu le 2 septembre 2019. Le général Gilbert Diendéré a été condamné à vingt ans de prison, le général Djibrill Bassolé a écopé de dix ans de prison.

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