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Dakar n'est pas la deuxième la ville la plus polluée au monde

EN BREF - L’Organisation mondiale de la Santé ne fait pas un classement des villes les plus polluées dans le monde. Elle publie une base de données sur la qualité de l'air compilant des chiffres sur la concentration en particules fines de milliers de villes. En 2022, Dakar n’est pas la deuxième ville au monde en termes de concentration en particules fines dans l'air, selon la dernière base de données de l’OMS  mise à jour en avril 2022 et consultée par Africa Check. 

L’annonce selon laquelle « Dakar est la deuxième ville la plus polluée au monde » revient régulièrement sur les réseaux sociaux, notamment Facebook

Le 24 octobre 2022, la branche francophone du magazine National Geographic a partagé sur Twitter cette même information. En novembre 2018,  nous avions déjà produit un article sur le sujet

Capture d'écran de la publication

Ce classement est attribué à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mais l’institution onusienne n’a jamais publié de données comparatives au niveau mondial sur ce sujet. Comme l’indique le journaliste sénégalais Moussa Ngom dans une série de tweets datant d’avril 2019, une photo manipulée est à l’origine de cette confusion.  

Ngom explique que tout est parti d’une note publiée sur le site de Statista, une plateforme de données commerciales qui revendique des études et statistiques de quelque « 22 500 sources reconnues ». En octobre 2018, la plateforme a publié  un article intitulé : « Les villes les plus polluées au monde ». Le texte a été illustré par une carte présentant une liste de 20 villes avec, en première position New Dehli, capitale de l’Inde, suivie de Dakar, capitale du Sénégal. 

Contrairement à ce qu’ont pu laisser croire les interprétations, cette infographie ne dressait pas la liste des villes les plus polluées selon l’OMS. 

Il s’agissait plutôt d’un classement selon un taux relatif aux particules fines, matières microscopiques en suspension dans l’air ambiant et qui peuvent s’infiltrer facilement dans les poumons, comme l’expliquent notamment l‘Institut national (français) de la Statistique et des Études économiques (Insee) et YouMatter, média français en ligne d’accès gratuit et qui se donne pour mission d’informer le public sur « les grands enjeux contemporains ». 

Ces particules sont généralement désignées par les lettres PM (d’après les initiales en anglais de « Particulate Matter », matières particulaires), suivies d’un nombre. Ce chiffre fait référence à leur diamètre mesuré en micromètre (µm), c’est-à-dire en millionième de mètre (1 µm = 0,000 001 m, l’équivalent de 0,001 millimètre). Ainsi, les PM10 représentent les particules de diamètre inférieur à 10 µm, les PM2,5 désignent les particules de diamètre inférieur à 2,5 µm. Elles sont exprimées en microgrammes (μg, 1 µg = 0,000 001 g ou 0,001 milligramme).

La carte publiée par Statista présentait précisément  « le taux de concentration moyen en particules fines PM10  dans une sélection de villes (en microgramme par mètre cube) » (μg/m3, NDLR), ainsi que nous pouvons le lire sur la description rognée sur les réseaux sociaux.  

Capture d'écran de la publication

L’OMS ne fait pas un classement des villes les plus polluées. Elle publie une base de données sur la qualité de l'air compilant des chiffres sur la concentration en particules fines de milliers de villes. Depuis 2011, cette  base de données est mise à jour tous les deux ou trois ans. 

PM10, PM2,5… : dangers pour la santé

Les particules en suspension sont évacuées de l'atmosphère le plus souvent très rapidement, dans les heures qui suivent leur émission. Elles sont classées selon leur composition chimique et leur taille. 

Plus la particule est fine, plus elle est dangereuse pour la santé, d’après l’OMS qui aborde ces questions dans une fiche d’information sur la « pollution de l’air ambiant (extérieur) » actualisée le 22 septembre 2021. Si les PM10 « peuvent pénétrer et se loger profondément à l’intérieur des poumons », les PM2,5 « sont encore plus nocives pour la santé. Ces dernières peuvent franchir la barrière pulmonaire et entrer dans la circulation sanguine », y souligne-t-elle. 

Dans ses dernières lignes directrices relatives à la qualité de l’air publiées en septembre 2021, l’OMS a réévalué ses recommandations sur les valeurs des matières particulaires  pour la qualité de l’air. Le niveau recommandé de concentration moyenne annuelle est passé de 20μg/m3 à 15μg/m3 pour les PM10, et de 10μg/m3 à 5μg/m3 pour les PM2,5.

L’agence onusienne a expliqué ce durcissement par le fait que la pollution de l’air est responsable d’environ « sept millions de décès prématurés » dans le monde. 

Capture d'écran de la publication

Quid de Dakar ?

A l’image d’autres villes mentionnées par l’OMS dans ses différents rapports sur la qualité de l’air, Dakar est polluée. Elle est cependant mieux lotie que plusieurs autres métropoles. 

En 2016 par exemple, la capitale sénégalaise présentait une concentration moyenne annuelle en particules fines PM10 de 141 μg/m3. 

Au même moment, des villes du Nigeria battaient des records de concentration en PM10 : 540 μg/m3 à Onitsha (sud du pays), 423 μg/m3 à Kaduna (nord) et 158 μg/m3 à Owerri (sud-est). 

Des villes indiennes affichaient également de fortes concentrations en matières particulaires PM10 : 317 μg/m3 à Allahabad (nord de l’Inde),  202μg/m3 à Amritsar (nord-est) et 196μg/m3 à Agra (nord).

En 2022, Dakar n’est toujours pas la deuxième ville au monde en termes de concentration de particules fines dans l'air, selon la dernière base de données de l’OMS  mise à jour en avril 2022 et consultée par Africa Check. 

Ce tableau statistique compile des chiffres sur la qualité de l'air dans plus de 6 000 villes. La capitale sénégalaise, la seule ville du pays à être évaluée, y affiche une concentration en PM10 de 136,26 μg/m3, à un niveau inférieur à ceux des villes indiennes d’Allahabad (221,8 μg/m3), d’Agra (185,83 μg/m3) et  d’Alwar (171,67μg/m3), par exemple. 

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