EN BREF - La scène capturée dans cette photo apparaît dans un reportage de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) datant du 19 mars 2020. Il s’agit d’un extrait d'un « numéro exclusif de 52 min sur l'aéroport international Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan ».
Le 21 février 2023, le président de la Tunisie, Kaïs Saïed a fait une déclaration qui a choqué à travers le monde, visant des migrants originaires d’Afrique au sud du Sahara et qui a été dénoncée comme raciste par beaucoup de personnalités et organisations, y compris dans son pays. Saïed s’exprimait lors d’un Conseil national de sécurité nationale durant laquelle il a notamment parlé de « hordes des migrants clandestins » d’Afrique subsaharienne, les accusant de « violence, de crimes et d'actes inacceptables » en Tunisie, selon un communiqué le citant, qui a été rapporté par plusieurs médias dont le journal tunisien en ligne La Presse, le journal français Le Monde, la chaîne de télévision française France 24 ou encore le site du diffuseur public allemand Deutsche Welle.
« Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens », a notamment affirmé le dirigeant tunisien, parlant de « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration, comme on peut le lire dans l’article du Monde.
Les propos de Kaïs Saïed ont été suivis d’une vague de violences contre des ressortissants de pays africains en Tunisie, et ils ont suscité un tollé de protestations : des organisations tunisiennes les ont qualifiés de « racistes » et « haineux » ; l’organisation de défense des droits humains Amnesty International a demandé au président tunisien de les « retirer » et d’ordonner des « enquêtes afin de faire clairement savoir que la violence raciste anti-Noirs ne sera pas tolérée », tandis que l’Union africaine (UA) a dénoncé des « déclarations choquantes » allant « à l’encontre de la lettre et de l’esprit » de l’UA.
Face aux violences, la Côte d’Ivoire, le Mali et la Guinée ont décidé de faire évacuer leurs ressortissants présents de Tunisie.
Le 3 mars 2023, la page Facebook Rassd Tunisia a partagé une publication illustrée par une photo montrant des personnes dans un aéroport. La légende de l’image, traduite de l’arabe au français indique : « Interdiction à des dizaines d'étudiants tunisiens résidant en Côte d'Ivoire d'entrer dans l'aéroport de la capitale ivoirienne Abidjan en raison d'une crise diplomatique avec la Tunisie ». (Note de la rédaction : la capitale ivoirienne est Yamoussoukro depuis 1983. Abidjan est dite capitale économique du pays car les sièges de nombreux services administratifs et sociétés y demeurent.)

Rassd Tunisia est un site tunisien d’information en ligne. Sur sa page Facebook créée le 22 septembre 2014, il se présente comme une agence médiatique. Les données de localisation ont été masquées par le gestionnaire de cette page mais le site est localisé en Tunisie, selon les recherches sur son nom de domaine avec le service de requête Who.is.
Une image datant de 2020
La recherche de l’origine de l’image illustrant la publication à partir du logiciel TinEye permet de savoir qu’elle n’a aucun lien avec la Tunisie.
Elle illustre un article publié le 7 mars 2022 par le média burkinabè en ligne Libre info, traitant de la décision des autorités ivoiriennes d’abandonner les tests de dépistage de la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) pour les voyageurs se rendant à Abidjan
En poursuivant notre recherche, nous nous apercevons que la scène capturée dans cette photo apparaît dans un reportage de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) datant du 19 mars 2020. L'élément, d'une durée de 1 minutes et 07 secondes, a été mis en ligne sur YouTube le 19 mars 2020. Selon la légende descriptive, il s’agit d’un extrait du « numéro exclusif de 52 min sur l'aéroport international FHB d'Abidjan », FHB étant les initiales de Félix Houphouët-Boigny qui a dirigé la Côte d’Ivoire de 1960 jusqu’à son décès, en 1993. La photo que nous vérifions peut être vue à partir de 15 secondes de lecture.
Le reportage au complet dure 58 minutes et 23 secondes et est publié sur la plateforme Dailymotion.
Une fausse nouvelle
Par ailleurs, la plateforme d’urgence du gouvernement ivoirien, Alertes 100, a démenti sur l’affirmation selon laquelle des étudiants tunisiens résidant en Côte d’Ivoire auraient été interdits d’accéder à l’aéroport d’Abidjan, dénonçant des « fake news », faisant référence aux « fausses nouvelles ». « Cette information est fausse », a écrit l’organisme gouvernemental ivoirien dans un message publié le 5 mars 2023 sur Facebook. « Les personnes qui émettent ou relaient ces fausses informations sont passibles de poursuites judiciaires », a-t-il averti. Cette publication a été relayée le même jour par la Direction générale de la police ivoirienne sur sa page officielle sur Facebook.
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