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Montage / Africa Check

Non, cette photo ne montre pas une femme violentée lors d’une manifestation contre la réforme des retraites en France en 2023

EN BREF - La photo date d'avril 2016. Elle a été prise à Paris lors de l'une des nombreuses manifestations enregistrées en France contre ce qui a été surnommé la « Loi Travail » ou la « Loi El Khomri », du nom de la ministre française du Travail d’alors, Myriam El Khomri, relative à une réforme du Code du Travail dans le pays.

La France a modifié en avril 2023 les règles de départ à la retraite. L’une des mesures les plus médiatisée de cette réforme est le décalage de deux ans de l’âge légal pour prendre sa retraite : 64 ans, au lieu de 62 ans.

Dévoilé le 10 janvier 2023 par la Première ministre française Elisabeth Borne, l’avant-projet de réforme des retraites a suscité en France une crise sociale vive, marquée par plusieurs grèves et manifestations à travers le pays entre janvier et avril 2023. Les rassemblements ont parfois été émaillés de violences.

Le projet de réforme a, à l’exception de quelques articles, été validé le 14 avril 2023 par le Conseil constitutionnel, que la Première ministre et des parlementaires avaient saisi. Le 14 avril 2023 au soir, le président français Emmanuel Macron a promulgué la loi, dite « Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 », qui doit entrer en vigueur le 1er septembre 2023, affirme Vie publique, le portail gouvernemental français d’information légale et administrative à destination du grand public.

Ainsi, indique ce site dans une fiche d’information (« panorama ») sur la loi évoquée, l’âge légal de départ à la retraite en France « va être progressivement relevé, à raison de trois mois par génération » jusqu’à atteindre 64 ans en 2030. La durée de la cotisation va également être « portée à 43 ans dès 2027 », contre 42 ans auparavant.

Le 31 mars 2023, un internaute burkinabè s’identifiant comme journaliste a publié sur Facebook une photo où l’on voit un membre des forces de l’ordre, en tenue anti-émeutes, donner un coup de pied à une jeune femme. Son pied atterrit sur la hanche de la jeune femme, qui tente de se protéger avec ses bras. La publication est assortie d’un texte écrit dans un français douteux (reproduit tel quel, NDLR) : « URGENT. La police de Paris s'en prend a des femmes. Plusieurs d'entre elles ont été tabassé et violenté leur seule crime c'est d'avoir demander la suspension de la reforme des retraites.. Les feministes africaines sont interpélé ».

Capture d'écran de la publication

À propos du compte

Selon les informations fournies dans la « transparence » de son profil, l’auteur du message a créé le 24 décembre 2008 le compte utilisé pour la publication que nous vérifions. Son « pays de résidence principal » est le Burkina Faso. Il indique habiter à Ouagadougou, la capitale burkinabè, où il a étudié et où il travaille. Son compte est lié à un blog qui est présenté comme à risque : une alerte « Problème de sécurité potentiel » s'est déclenchée lorsque nous avons tenté de nous y connecter.

Capture 2 Meta check relu CS France-manifestations-violences

Une photo de 2016

Une recherche inversée d’images grâce à l’outil de vérification InVID permet de savoir que la photo de femme violentée utilisée par l’internaute burkinabè a été sortie de son contexte. Elle n’est pas liée aux violences lors des protestations contre la réforme de retraites de janvier à avril 2023 en France.

La même image apparaît dans des articles de plusieurs médias français. C’est le cas du texte mis en ligne le 16 avril 2016 par le quotidien La Dépêche du Midi.

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Même chose dans l’article publié le 15 avril 2016 par le journal Le Figaro.

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Tous ces journaux citent comme auteur de l'image Jan Schmidt-Whitley, un photojournaliste indépendant, et comme date de la photo le 14 avril 2016, lors d’une manifestation à Paris.

Les personnages au centre de l’action sont un policier, membre d’une Compagnie républicaine de sécurité (CRS), et une étudiante, cliente d’un restaurant situé dans une zone où des policiers s’étaient déployés en prévision de la manifestation.

Les CRS sont des « unités mobiles formant la réserve générale de la police nationale » et elles sont « spécialisées dans le maintien de l’ordre », est-il expliqué sur le site de la police française. Selon la même source, en plus rétablissement et du maintien de l’ordre, elles sont sollicitées dans d’autres situations : missions de sécurité routière, de police des grands axes et de secours en mer et en montagne ; lutte contre la petite et moyenne délinquance et à la lutte contre les violences urbaines ou alors « en renfort d’autres services ».

Le photographe lui-même a confirmé sur sa page Facebook les détails rapportés par les médias sur son image, réalisée le 14 avril 2016. « Au niveau de l’avenue Jean Jaurès et de la rue Bouret dans le 19e arrondissement de Paris, la police avait enfermé environ 250 manifestants, pour la plupart des étudiants. La cliente d’un restaurant, qui était assise à une table à l’extérieur, s’est ainsi retrouvée prise au piège sans possibilité de sortir », a-t-il dit. «  Après avoir reçu du gaz lacrymogène lancé par les CRS elle (la cliente) s’est approchée d’eux très énervée, sans toutefois représenter un danger pour quiconque. Un CRS s’est alors avancé pour la frapper violemment », relate encore Jan Schmidt-Whitley.

Capture 5 Meta check relu CS France-manifestations-violences

À propos des manifestations de 2016

La manifestation du 14 avril 2016 était l'une des nombreuses protestations contre ce qui a été surnommé la « Loi Travail » ou la « Loi El Khomri », du nom de la ministre française du Travail d’alors, Myriam El Khomri, portant sur une réforme du Code du Travail en France.

À l’époque, le gouvernement français avait expliqué que la modification visait à donner plus de pouvoir aux salariés mais aussi, d’après le site Vie publique, « renforcer la compétitivité de l’économie et développer l’emploi ». Les syndicats, eux, avaient fustigé la réforme dès l’annonce du projet, en mars 2016, estimant qu’elle lésait les droits des salariés et précarisait l’emploi.

Elle a été validée par le Conseil constitutionnel le 4 août 2016, elle a été promulguée le 8 août (« Loi du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels ») et elle est appliquée depuis le 1er janvier 2017.

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