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Montage / Africa Check

Cette vidéo montrant un homme percuté par un véhicule n’a pas été prise au Burkina Faso, mais au Niger

EN BREF - La vidéo a été filmée au Niger en 2020. Le gouvernement nigérien avait confirmé que la scène s’est produite lors d’une opération militaire contre Boko Haram le 11 mai 2020, au sud de Diffa, dans le sud-est du pays, près de la frontière avec le Nigeria.

Le Burkina Faso est en proie, depuis 2015, à des attaques terroristes. L’une des premières et des plus médiatisées était survenue le 15 janvier 2016 dans la capitale Ouagadougou et avait été revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), une organisation terroriste. Ces violences ont causé, depuis sept ans, plus de 10 000 morts - civils et militaires - et quelque deux millions de déplacés, selon plusieurs médias citant des Organisations non gouvernementales.

D’après cette dépêche publiée le 25 avril 2023 par le Commandement des États-Unis pour l'Afrique, dans son magazine Africa Defense Forum, plus de 12 000 Burkinabés ont trouvé la mort depuis que l’insurrection s’y est propagée en 2015. Le chiffre provient d'un rapport du Projet de données sur les lieux et les événements des conflits armés (Armed Conflict Location and Event Data Project) publié en février 2023.

Publication trompeuse en lien avec ces événements 

Le 14 avril 2023, un internaute a partagé une vidéo sur laquelle on voit des voitures de guerre en train de poursuivre deux individus dans un endroit désertique. Un de ces véhicules finit par rouler sur un des deux hommes. On entend également des coups de feu et des personnes qui parlent à haute voix. En observant la vidéo avec attention, on peut constater qu’elle a été filmée depuis un véhicule.

La légende qui accompagne la publication de cette vidéo laisse entendre que la scène a été filmée au Burkina Faso : « ​​#Burkina : Cette fois-ci, c'est une vidéo d'un véritable safari humain qui fait le buzz dans leurs groupes WhatsApp ! Et cette fois-ci, c'est avec une caméra embarquée et non un smartphone ! Donc, laissez les journalistes en paix ! Ce ne sont pas eux le problème ! (Sic) ».

Capture d'écran de la publication

Le même jour, un internaute a partagé la même vidéo - avec la même légende - sur Twitter.

Capture d'écran de la publication

 

Vidéo prise au  Niger 

Certains utilisateurs ont réagi à ce tweet en relevant que cette vidéo a été prise au Niger. 

 

Capture d'écran de la publication

 

Une recherche sur Google avec les mots clés « Niger + vidéo + soldat + tuant + un + homme », permet de retrouver un article publié le 12 juin 2020 par l’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watchs (HRW). L’article, intitulé « Niger : Une vidéo montre des soldats en train de tuer des hommes blessés », apporte des explications sur le contexte dans lequel la vidéo a été prise alors qu’elle était devenue virale sur les réseaux sociaux. 

Capture d'écran de la publication
Capture d'écran de l'article de Human Rights Watch effectuée le 15 avril 2023 par Africa Check

« L’incident, que le gouvernement nigérien a confirmé s’être déroulé dans le pays, s’est produit lors d’une opération militaire contre Boko Haram le 11 mai 2020, au sud de Diffa, dans le sud-est du Niger, près de la frontière avec le Nigeria. La vidéo en question a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et Human Rights Watch en a eu connaissance », écrit l’ONG.

L’article de Human Rights Watch détaille aussi que « la vidéo a été enregistrée par un soldat se trouvant à bord du véhicule. Elle montre trois véhicules blindés Mamba MK7 de fabrication américaine conduits par des troupes nigériennes. Ils passent devant un véhicule renversé en feu et écrasent un homme allongé au sol avant de se mettre à la poursuite d’un autre et de lui tirer dessus. Une fois atteint, le deuxième homme s’effondre, et deux des véhicules Mamba MK7 lui roulant dessus. On entend un soldat à bord d’un véhicule applaudir, et un autre dire : “Arrêtez, il est tombé, il est mort” ».

Dans ce même article,  l’ONG réclame une enquête pour crimes de guerre au Niger et affirme avoir interrogé le gouvernement nigérien, lequel a démenti l'allégation de « crimes de guerre » mais a tout de même confirmé que les faits s'étaient bien déroulés sur son sol. 

Représailles contre des attaques terroristes au Niger

Selon le ministère nigérien de la Défense, un « groupe » de 25 « terroristes de Boko Haram » a été tué ce jour-là, indique encore HRW selon qui le ministre des Affaires étrangères du Niger, Kalla Ankourao (il a occupé ce poste du 11 avril 2018 au 4 décembre 2020, Ndlr) a spécifié que l’un des hommes portait une ceinture de suicide et qu'il n'avait pas levé les mains pour se rendre, ce qui en fait une cible militaire légitime. « Il a ajouté que “le véhicule blindé utilisé dans la manœuvre n'avait d'autre but que de protéger les soldats en cas de déclenchement de la charge explosive” », rapporte Human Rights Watch.

« Membre du G5-Sahel et de la Force multinationale mixte (MNJTF), qui coordonnent les opérations des États limitrophes du lac Tchad contre Boko Haram, le Niger fait face depuis des années à des attaques jihadistes dans ses zones frontalières. Dans l'ouest, aux frontières avec le Mali et le Burkina Faso, il subit des attaques meurtrières des groupes sahéliens ; dans le sud-est, il fait face aux exactions de Boko Haram et du groupe État islamique en Afrique de l'Ouest », rappelle cet article du média français France 24

En mai 2020, des combats ont opposé des terroristes et l’armée nigérienne. Dans un article publié par le journal français Le Monde, il est indiqué que « Le Niger a affirmé, mercredi 13 mai 2020, qu’au moins 75 “terroristes de Boko Haram” ont été tués dans deux opérations militaires dans le sud-est du pays et en territoire nigérian ». 

« Un “groupe” de 25 “terroristes” a été tué au sud de Diffa, la grande ville du sud-est nigérien, et “une cinquantaine d’éléments ennemis” ont été “neutralisés” dans la zone du lac Tchad, sur le territoire du Nigeria, dans deux opérations de la force régionale de lutte contre les djihadistes », lit-on encore.

Avant ces événements, le 3 mai 2020, le ministère nigérien de la Défense informait que le poste frontalier de Diffa (sud-est) avait été attaqué par des jihadistes armés et que 50 terroristes avaient été « neutralisés ».

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