Violences au Soudan : cette image ne montre pas des Soudanais en fuite vers l’Égypte 

Les Nations unies rapportent que le conflit a provoqué un exode massif de civils, depuis Khartoum (capitale) et la région du Darfour (Ouest) vers les pays voisins. D'après cette dépêche publiée le 2 mai 2023 sur le site d’informations des Nations unies, « les combats meurtriers au Soudan ont forcé près d’un demi-million de personnes à fuir leur foyer, 334 000 parmi elles ayant été déplacées à l’intérieur du pays et 114 000 personnes s’étant réfugiées dans les pays voisins ».

Une publication censée montrer des Soudanais fuyant vers l’Egypte voisine

Comme c’est souvent le cas, plusieurs publications (vraies et fausses) sont faites sur les réseaux sociaux en lien avec des événements d’actualité; comme cette publication de la page Facebook Les Démocrates censée montrer des Soudanais fuyant leur pays pour se rendre en Egypte. La publication date du 2 mai 2023 et le texte qui accompagne l’image est écrit dans un français approximatif.

«  Soudan : Khartoum La route qui relie le Soudan à l'Égypte, des dizaines de milliers de Soudanais qui leur pays fuir la guerre qui oppose deux généraux de l'armée pour le pouvoir (Sic) ».

La page Les Démocrates a été créée le 16 juillet  2022. Les personnes qui la gèrent sont localisées au Mali.

Sur le même réseau social, une autre page, MALI Infos "ANW KO MALI", a partagé la même image en lui prêtant le même contexte que la publication susmentionnée. 

Image prise lors de la « Marche verte » dans le Sahara occidental en 1975

Une recherche inversée d’images grâce à l’outil de vérification InVID permet de retrouver l’origine de la photo. Elle figure dans un article du quotidien américain The Boston Globe daté du 16 juin 2013. L’article est titré « Sahara occidental : Pourquoi la dernière colonie d'Afrique ne peut pas se libérer » (traduit de l’anglais par l’outil de traduction DeepL). 

L’image a été prise par Bruno Barbey pour l’agence de photographie Magnum lors de la « Marche verte » effectuée par des Marocains dans le Sahara occidental en 1975.  

« Le 6 novembre au petit matin, la Marche verte, ou opération Fath est lancée : les 350 000 soldats de cette armée pacifique s’élancent dans le désert, embarqués à bord de milliers de cars et de camions pour une démonstration qui durera jusqu’au milieu du mois. Des portraits du monarque marocain, qui a volontairement placé la Marche sous les couleurs de l’islam, et des milliers de corans sont brandis par la marée humaine qui croise en chemin les premières garnisons espagnoles évacuant la place », est-il raconté dans cet article du site de l’hebdomadaire Jeune Afrique daté 2 novembre 2003.

Le Maroc et l’affaire du Sahara occidental

« Le Maroc réclame la propriété du Sahara occidental, un territoire colonisé par l'Espagne depuis 1860. Malgré sa faible population, celui-ci attise la convoitise de ses voisins à cause de ses ressources naturelles, particulièrement en phosphates. En août 1974, l'Espagne accepte la résolution des Nations unies (ONU) de 1966 pour la tenue d'un référendum sur l'avenir du Sahara occidental. Selon une mission de l'ONU, la majorité de ses habitants veulent l'indépendance. En 1975, le Maroc soumet la question de ses droits sur le territoire à la Cour internationale de la Haye. Il s'engage à respecter la décision, mais lorsque sa demande est rejetée, le roi Hassan II organise une grande “marche verte” le 6 novembre 1975 », est-il expliqué dans cet article de Perspective Monde, un outil pédagogique sur les grandes tendances mondiales depuis 1945. 

De même source, « un accord tripartite est conclu avec l'Espagne et la Mauritanie pour le transfert du contrôle du territoire. Il permet à l'Espagne de se retirer, tout en conservant ses investissements dans les mines de phosphates. Selon cet accord, le Maroc reçoit deux tiers du territoire (la partie nord) et la Mauritanie l'autre tiers (la partie sud). Le Maroc prend possession du territoire au début de 1976 et convoque une assemblée de tribus qui reconnaissent sa souveraineté. En 1979, il profite du départ de la Mauritanie pour annexer la partie sud. Toutefois, l'opposition d'un mouvement indépendantiste, le Polisario, et celle d'autres pays africains (Algérie, Libye), entraîneront un conflit durable ».

En août 2022, lors du Sommet Afrique-Japon à Tunis, la capitale tunisienne, une crise diplomatique a éclaté entre le Maroc et la Tunisie après que cette dernière eut invité et reçu à cette rencontre le chef du Polisario, Brahim Ghali, que le Maroc considère comme le chef d’une « milice séparatiste ».