Retour sur Africa Check

Aucune étude ne confirme que 4 filles sur 10 manquent en moyenne 4 jours d’école à cause de leurs règles 

Cet article date de plus de 4 ans

Sur Facebook, la page RLF Radio Libre Francophone a fait un post sur lequel on peut lire : « Les préservatifs devraient être vendus et les serviettes hygiéniques données gratuitement. Le rapport sexuel est un choix, la menstruation non. Les filles sans argent souffrent ». « 4/10 des filles manquent en moyenne 4 jours d’école à cause de leurs règles ».  Le même texte est aussi partagé par cette internaute et aussi sur Twitter.

 



Africa Check est entré en contact avec la page RLF Radio Libre Francophone pour en savoir plus sur la source de l’information. Ses administrateurs nous ont  confié que « cette étude est le travail de plusieurs associations et ONG », avec en attaché le lien d’une vidéo sur les filles qui confectionnent des serviettes hygiéniques avec de vieux habits en Ouganda.

Nous avons entrepris alors de faire des recherches sur le rapport entre absentéisme scolaire et les menstrues en Afrique.

Un rapport de l'Unesco


Dans cet article titré « Les menstruations, source d’absentéisme scolaire dans le monde », publié en juillet 2016 sur le blog de la Banque Mondiale, il est fait mention  qu’ « en Afrique subsaharienne, une fille sur dix ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel, ce qui correspond, d’après certaines estimations, à 20 % du temps scolaire perdu sur une année ». L’article cite le rapport d’une étude réalisée par l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). La même donnée est reprise par les sites comme France Info, The Guardian, ou encore Elle.frles deux premiers l'attribuant à l'Unicef.

En 2014, l’Unesco avait en effet fait une étude intitulée « Education à la puberté et à la gestion de l'hygiène menstruelle ». Dans cette dernière, il est effectivement indiqué à la page 16 qu’une fille sur 10 ne va pas à l’école en période de menstrues. L’organisation onusienne cite des études réalisées par la Banque mondiale et l’Unicef mais dans aucun des renvois de page, il n’est possible de trouver l’information.

Une donnée pas fiable


L’assistant de projet au cluster Santé et Bien-être du bureau régional multisectoriel de l’Unesco à Dakar, William Ngue, contacté par Africa Check, confie que cette statistique n’est pas une bonne référence.

« L’UNESCO ne fait plus référence à cet élément et lors de la prochaine révision de cette parution (le processus peut souvent prendre un peu de temps), il est prévu de retirer cette donnée statistique qui est clairement identifiée comme pas fiable », a-t-il expliqué. Entre temps, l’information a été retirée du rapport.

Quel rapport entre absentéisme scolaire et menstruations ?


Dans cet article d’Africa Check (en Anglais) en date de 2016, il est indiqué qu’il n’existe pas d’études qui peuvent sortir avec exactitude le rapport entre l’absentéisme scolaire et l’apparition des règles chez les jeunes filles. D’aprés cette étude réalisée au Népal sur 198 filles, il est rapporté que les menstruations ont un faible impact sur la présence scolaire des filles, « environ 0,4 jour en 180 jours d’école ».

Dans ce rapport sur l’hygiène sanitaire et de l’eau dans les écoles, produit par la Banque Mondiale, il est noté l’importance des toilettes en bon état dans les établissements scolaires, surtout pour les filles sans aucune allusion à un quelconque rapport avec l’absentéisme de ces dernières.

Edité par Samba Dialimpa Badji

Republiez notre contenu gratuitement

Veuillez remplir ce formulaire pour recevoir le code de partage HTML.

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
limite : 600 signes
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Voulez-vous continuer à lire nos vérifications des faits ?

Nous ne vous ferons jamais payer pour des informations vérifiées et fiables. Aidez-nous à poursuivre cette voie en soutenant notre travail

S’abonner à la newsletter

Soutenir la vérification indépendante des faits en Afrique