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Le Sénégal dispose-t-il de la 5e réserve mondiale de gaz ?

Cet article date de plus de 5 ans

Les médias ont récemment rapporté que selon le directeur général de la SAR, « le gisement découvert au large des côtes saint-louisiennes, estimées à 450 milliards de m3 de gaz, constitue la cinquième réserve mondiale ».

Serigne Mboup, qui était alors président du conseil d’administration de la SAR, animait début avril à Saint-Louis une communication portant sur le thème : «découvertes pétrolières et gazières au Sénégal : quelles perspectives pour le développement socioéconomique ? Quelles opportunités pour Saint-Louis ?».

Le Sénégal dispose-t-il réellement de la cinquième réserve mondiale de gaz? Africa Check a cherché à savoir.

Mauvaise interprétation ?


Joint par téléphone par Africa Check pour connaître la source de sa déclaration, Serigne Mboup, par ailleurs ancien directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen), a déclaré que ses propos ont été mal rapportés. Il a soutenu n’avoir jamais dit que le gisement au large de Saint-Louis constitue la cinquième réserve mondiale de gaz.

Il a précisé avoir plutôt dit qu’il s’agit « d’une des cinq plus grandes découvertes de ces dernières années ».

Que représente le gisement découvert au large de Saint-Louis ?


Radio France Internationale (RFI) indiquait sur son site web, le 12 octobre 2016, que « les réserves de gaz du pays le placeraient au septième rang mondial ».

Citant des spécialistes du secteur, sans les nommer, RFI affirmait alors qu’il s’agit d’un « classement qui pourrait d’ailleurs s’améliorer car l’exploration - 500 millions de dollars ont été injectés - n’est pas terminée ».

Deux jours plus tard, le même organe publiait un autre article, contenant cette fois-ci le démenti de Kosmos Energy, la société qui s’occupait à l’époque de l’exploration gazière au large des côtes saint-louisiennes.

Selon RFI, «la société Kosmos Energy, qui détient 60% des droits de prospection, ne valide pas ces chiffres et indique que les « réserves prouvées » sont actuellement de 25 TCF (Trillion Cubic Feet), un peu plus de 700 milliards de mètres cubes. Avec une projection optimale - les études sont en cours - de 50 TCF, soit 1 400 milliards de mètres cubes. Des informations qui placeraient le Sénégal entre le 23e et le 30e rang mondial, loin donc du 7e rang ».

Interrogé dans le cadre de l’émission «Arrêt sur Info» avec nos partenaires de la West Africa Democracy Radio (WADR), l’ingénieur géologue sénégalais Fary Ndao a déclaré que « les réserves de gaz au large de Saint-Louis sont estimées à environ 20 TCF ». Ce qui représente environ 500 milliards de mètres cubes.

Africa Check a également contacté par courrier électronique Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut des relations internationales stratégiques (IRIS), en France, et ancien rédacteur en chef de la revue Pétrole et Gaz Arabes.

Selon lui, « pour le Sénégal, il est trop tôt pour donner des chiffres de réserves de gaz naturel ». « On ne peut parler que de ressources au large du Sénégal et de la Mauritanie », a-t-il précisé.

Où se trouvent les 5 plus grosses réserves mondiales de gaz ?


Selon le BP Statistical Review of World Energy publié en juin 2017 mais portant sur l’année 2016, les cinq pays disposant des plus grosses réserves prouvées de gaz sont dans l’ordre : l’Iran, la Russie, le Qatar, le Turkménistan et les Etats-Unis.

Les cinq autres venant compléter les Top 10 sont : l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Venezuela, la Chine et le Nigeria.

Francis Perrin a indiqué que « les ressources envisagées au large du Sénégal et de la Mauritanie ne classent pas ces deux pays ensemble dans le Top 10 mondial ».

Mais, il a précisé que « l'exploration est récente dans cette région et qu’il y a donc un potentiel de découvertes supplémentaires ». Selon lui, il y a en tout cas « assez de gaz pour un important projet d'exportation de gaz naturel liquéfié ».


Conclusion : le gisement de gaz de Saint Louis n’est pas la 5e réserve mondiale


La presse a attribué à Serigne Mboup directeur général de la Société africaine de raffinage (SAR), des propos selon lesquels le Sénégal dispose de la 5e réserve mondiale de gaz.

En 2016 déjà la compagnie Kosmos Energy, la société s’occupait à l’époque de l’exploration gazière au large de Saint Louis, démentait une information de RFI selon laquelle « les réserves de gaz du Sénégal le placeraient au septième rang mondial ».

Et selon Francis Perrin, spécialiste en pétrole et gaz, « les ressources envisagées au large du Sénégal et de la Mauritanie ne classent pas ces deux pays ensemble dans le Top 10 mondial ».

Par ailleurs, les données de BP Statistical Review of World Energy, indiquent que le Nigeria est le seul pays africain à figurer dans le Top 10 des pays contrôlant les plus grosses réserves prouvées de gaz.

Le gisement de gaz au large de Saint Louis n’est donc pas la 5e réserve mondiale.

 

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