Retour sur Africa Check

Oui, le Nigeria est le « premier producteur mondial de bébés infectés par le VIH »

Cet article date de plus de 5 ans

Sous le titre « Le Nigéria, premier producteur de bébés infectés par le VIH », le journal The Sun a présenté un nouveau projet visant à empêcher la transmission du virus par des mères séropositives à leur bébé.

Lors du lancement, le ministre nigérian de la Santé, Isaac Adewole, a déclaré : « Il n’y a absolument aucune raison pour que le Nigeria soit un important producteur de bébés infectés par le VIH. Nous contribuons à environ 30 % et notre objectif est l'élimination. Nous croyons que c'est faisable ».

L'Organisation mondiale de la santé  (OMS) définit la transmission du VIH de la mère à l'enfant comme la transmission du virus d'une mère séropositive à son enfant pendant la grossesse, le travail, l'accouchement ou l'allaitement.

37 000 enfants nouvellement infectés au Nigeria en 2016


Isaac Adewole a déclaré à Africa Check qu’il faisait référence aux données de l’ONUSIDA qui montraient qu’en 2016, le Nigéria comptait la plus forte proportion (26,9 %) de nouvelles infections à VIH de la mère à l’enfant parmi les 23 pays prioritaires de l’organisation.

« Ceci était basé sur les données disponibles à l'époque, en utilisant les chiffres existants pour la prévalence nationale du VIH, la population totale, les taux de fécondité et la couverture réelle des soins prénatals et des services liés au VIH », a-t-il déclaré.

Gatien Ekanmian, conseiller en information stratégique à l’ONUSIDA, a déclaré à Africa Check que l'organisation utilise ces données pour alimenter un logiciel de modélisation statistique.

Selon les estimations de l'ONU, 37 000 enfants de moins de 15 ans ont été nouvellement infectés par le virus au Nigéria en 2016. Le Mozambique suivait avec 9,6 % des nouvelles infections (13 000 enfants) et l'Afrique du Sud avec 8,6 %, soit 12 000 enfants.

Incertitude sur les estimations de l'infection infantile


Cependant, le nombre d'enfants nouvellement infectés au Nigeria pourrait être estimé à 22 000 voire à 56 000. Cela s'explique par le fait que les chercheurs doivent faire plus d'hypothèses lorsqu'il s'agit d'estimer le nombre d'infections chez les enfants, a expliqué l’ONUSIDA. Cela augmente l'incertitude.

« Par exemple, les fourchettes autour des estimations de la prévalence du VIH chez l'adulte sont plus petites que celles autour de l'estimation de l'incidence du VIH chez les enfants, qui nécessitent des données supplémentaires sur la prévalence chez les femmes enceintes et la probabilité de transmission du VIH de la mère à l'enfant, qui ont leur propre incertitude supplémentaire », indique le document de méthode.

Bien que les données concernent les enfants de moins de 15 ans et pas seulement les bébés, Gatien Ekanmian a déclaré que l’ONUSIDA pensait que d’autres modes d’infection « touchent une petite fraction du nombre total d’enfants contractant le VIH ».

Nouvelle étude sur le VIH/Sida


Mais des données plus précises pourraient bientôt être disponibles.
« Actuellement, le Nigeria mène l'une des plus grandes enquêtes au monde, connue sous le nom d'enquête d'impact et d'indicateurs sur le VIH/Sida, qui devrait fournir des données préliminaires au début de 2019 », a déclaré M. Ekanmian.

Frank Lule, conseiller régional sur le VIH/Sida au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, a déclaré que l'enquête montrerait probablement que la transmission mère-enfant était inférieure aux taux rapportés auparavant. En effet, dans le passé, les données de recensement étaient utilisées pour estimer le nombre d'enfants nés de femmes séropositives. Ce qui avait tendance à augmenter le nombre d'enfants qui auraient contracté le VIH de la part de leur mère.

Les femmes enceintes peuvent prendre des précautions


Le Dr Awoyemi Abayomi, maître de conférences au département des sciences biologiques de l’Université d’éducation Tai Solarin, a déclaré que le manque de sensibilisation était l’une des causes du taux élevé de transmission du virus de la mère à l’enfant au Nigéria.

« Les femmes nigérianes infectées par le VIH ne connaissent pas les mesures de précaution nécessaires à prendre avant, pendant et après la grossesse. Pour inverser la tendance, il est nécessaire de s'attaquer à ce problème », selon lui.

L’enquête en grappes à indicateurs multiples du pays a révélé qu’en 2007, seules 13 %  des Nigérianes avaient subi un test de dépistage du VIH et connaissaient leur statut. Ce chiffre est tombé à 11 % en 2012, mais a augmenté à 34,8 % en 2016/17.

Conclusion : en 2016, le Nigéria comptait le plus grand nombre d'enfants séropositifs nouvellement infectés sur 23 pays


Rendant compte du lancement d'un nouveau projet visant à empêcher la transmission du VIH de la mère à l’enfant, le journal Sun a déclaré que le Nigeria était « le plus grand producteur de bébés infectés par le VIH ».

Les données de l’ONUSIDA montrent qu'en 2016, le Nigéria affichait la plus forte proportion (26,9 %) de nouvelles infections à VIH de la mère à l'enfant sur 23 pays prioritaires. Selon les estimations, 37 000 enfants de moins de 15 ans ont été nouvellement infectés par le virus.

Mais comme les données sur le VIH chez les enfants sont incertaines, ce nombre pourrait être compris entre 22 000 et 56 000.

Le Nigéria mène actuellement l’une des plus grandes études d’impact VIH / Sida au monde. Cela pourrait donner une meilleure image de l’infection à VIH chez les enfants du pays.

Traduit de l'anglais. Lisez la version originale ici.

 

 

 

 

Republiez notre contenu gratuitement

Veuillez remplir ce formulaire pour recevoir le code de partage HTML.

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
limite : 600 signes
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Voulez-vous continuer à lire nos vérifications des faits ?

Nous ne vous ferons jamais payer pour des informations vérifiées et fiables. Aidez-nous à poursuivre cette voie en soutenant notre travail

S’abonner à la newsletter

Soutenir la vérification indépendante des faits en Afrique