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Plus du quart des Nigérianes victimes de mutilations génitales?

Cet article date de plus de 6 ans

La pratique traditionnelle néfaste des mutilations génitales féminines est toujours acceptée dans de nombreuses parties du Nigeria.

Evoquant la menace pour la survie des filles nigérianes, un journaliste du Guardian a affirmé, le mois dernier, que les statistiques nationales montrent que "27% des Nigérianes entre 15 et 49 ans sont victimes de mutilations génitales féminines".

Le chiffre est-il exact?

Violation des droits des filles et des femmes


Les mutilations génitales féminines comprennent toutes les procédures ou pratiques impliquant l'ablation des organes génitaux féminins externes ou des blessures à des fins non médicales, explique l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les mutilations sont principalement effectuées par des circonciseurs traditionnels et des accoucheuses locales. Les Nations Unies qualifient la pratique de violation des droits des filles et des femmes. Son éradication est l'un des objectifs de développement durable de l'organisation.

Depuis mai 2015, les mutilations génitales féminines sont illégales au Nigeria après que l'ancien président Goodluck Jonathan a promulgué la loi sur la violence contre les personnes. Celle-ci prévoit une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à quatre ans ou une amende de 200 000 N (550 $ US) pour les contrevenants.

"Statistiques de source fiable"


L'auteur de l'article a déclaré à Africa Check qu'il avait obtenu les données d'un contact.

"J'ai contacté une de mes sources fiables pour des statistiques sur les mutilations génitales féminines. Elle m'a alors informé", a déclaré Oluwaseun Akingboye. Cependant, il n'a pas précisé quel document ou rapport a été cité par son contact.

Faute de source précise, Africa Check s'est tourné vers l'agence de statistiques du pays, le Bureau national des statistiques. L'enquête en grappes à indicateurs multiples de 2016-2017 contient les données les plus récentes sur les mutilations génitales féminines, selon le responsable de l'information statistique de l'agence de données, Leo Sanni.

Dans le cadre de ses enquêtes mondiales sur les indicateurs, le Fonds des nations unies pour l'enfance (Unicef) collabore avec des organismes locaux de santé et de statistique pour réaliser une enquête représentative à l'échelon national, généralement tous les cinq ans.

Au cours du dernier cycle, 34 376 femmes âgées de 15 à 49 ans ont été interrogées dans les six zones géopolitiques du Nigeria. Elles ont répondu à la question de savoir si elles avaient subi une forme quelconque de mutilation génitale ou d'excision.

L'enquête a révélé que 18,4% des femmes avaient subi des mutilations génitales féminines. Il s'agit d'une baisse par rapport au cycle précédent en 2011, quand 27% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont déclaré avoir subi une forme de mutilation ou d'excision. En 2007, la prévalence était estimée à 26%.


Plus de filles mutilées


Malgré la baisse, les données ont montré que plus de filles de moins de 14 ans sont encore en train d'être mutilées. Des enquêtes successives à indicateurs multiples indiquent que la proportion de filles de ce groupe qui ont subi la coutume a presque doublé au cours des 10 dernières années. Alors qu'elle se situait à 13% en 2007, elle était passée à 25,3% en 2016/17.

L'enquête a également révélé de nouvelles zones à risques pour la pratique, a déclaré à Africa Check Atul Kumar, un porte-parole de l'Unicef. Alors que des Etats tels que Zamfara, Kaduna et Jigawa avaient une prévalence de moins de 20% lors de l'enquête de 2011, celle-ci a augmenté de manière significative au cours du dernier cycle. La part de Zamfara est passée de 2,5% à 26,4%, à Kaduna de 19% à 39,3% et de 2% à 14,4% à Jigawa.

M. Kumar a noté que ce qui est «plus inquiétant», la prévalence a également augmenté chez les filles de moins de 14 ans dans ces États. Zamfara a enregistré une augmentation de 5% à 58,2%, Kaduna de 38,3% à 63,1%, Jigawa de 36,9% à 66,9%. Dans l'Etat de Kano, elle est passée de 51,4% à 71%.

(Note: M. Kumar n'a pas encore expliqué les raisons possibles de l'augmentation de ce groupe d'âge. Nous mettrons à jour cet article dès qu’il répondra.)

La hausse pourrait être due à l'augmentation des dénonciations


Expert en santé publique, le Dr Sunday Aderibigbe, a déclaré que la hausse pourrait être due à l'augmentation des dénonciations, dans la mesure où plus de mères prennent conscience des dangers de la mutilation génitale féminine. Aderibigbe enseigne la santé publique et la médecine communautaire à l'Université d'Ilorin."Un bon nombre d'entre elles sortent pour dire que leur enfant a subi la pratique", a-t-il dit.

Pourtant, 21,6% des mères sondées ont approuvé la pratique. Cela pourrait être dû aux mythes traditionnels qui entourent cette pratique et à la perception qu’elle relève de la culture, a déclaré à Africa Check Jolaoluwa Aina, une militante anti-MGF.

"Je me rappelle avoir rencontré un pratiquant qui m'a dit que la pratique lui avait été transmise par son grand-père. Beaucoup d'entre eux pensent qu'ils doivent continuer à agir pour protéger leur culture ", a déclaré Mme Aina, membre de l'initiative EndCuttingGirls.

"Nous devons également regarder du côté des chefs traditionnels et religieux. Nous avons besoin de leur soutien pour aider à contrecarrer cette activité. Ils ont une forte emprise sur leur peuple", a-t-elle dit

Conclusion : les mutilations génitales féminines sont encore répandues au Nigeria, bien que les données montrent une réduction du groupe d'âge 15-49 ans


Pour attirer l'attention sur le grave problème des mutilations génitales féminines au Nigeria, un journal a rapporté que 27% des Nigérianes entre 15 et 49 ans ont été soumises à cette pratique.

Ce chiffre est une estimation de 2011. Les dernières données d'une enquête de l'Unicef montrent qu’il est tombé à 18,4% en 2016/7. En revanche, le nombre de filles de moins de 14 ans déclarées mutilées par leurs mères a presque doublé depuis 2007. Certains Etats ont également signalé un grand bond.

L'Unicef n’est pas en mesure de dire si cette hausse est liée à l’augmentation des dénonciations ou à d’autres facteurs.

Traduit de l’anglais. Consultez la version originale.

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