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Taux de croissance de 7 % au Sénégal "en 2003 ou 2004", vraiment ?

Cet article date de plus de 5 ans

« On parle de 7,2 % de croissance économique. Je rappelle que le Sénégal a connu des taux de croissance similaires déjà en 2003 ou 2004 sous le régime du Président Abdoulaye Wade sans pour autant que la croissance soit inclusive », a dit Malick Gakou, dans un entretien au journal Le Quotidien du 17 avril 2018.

« La croissance était déjà à 7 %. En 2003 ou 2004. Vérifiez », a-t-il insisté.

Le Sénégal a-t-il connu une telle performance en 2003 ou en 2004 ? Nous avons examiné le chiffre.

Pas de réaction de Malick Gackou


Le leader du Grand Parti n’a pas réagi à nos sollicitations par téléphone et via les réseaux sociaux.

La responsable de la communication de son parti, Maria Diedhiou, que nous avons également interpellée, n’a jusqu’ici pas donné suite à notre requête. Nous actualiserons cet article dès qu'ils réagiront.

Croissance réelle et croissance inclusive


« La croissance réelle est une augmentation quantitative de la production d’un pays sur une période déterminée (entre deux années) », explique Marie Suzanne Badji, enseignante à la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.

« Sans croissance, il n’y aurait pas de développement », rappelle le Professeur Badji, dans un échange de courriels avec Africa Check. Elle ajoute qu’ « un taux de croissance positif ne signifie pas nécessairement que la croissance a profité à toute la population de manière équitable. On parle d’une croissance inclusive si et seulement si la croissance économique profite dans un premier temps aux pauvres ».

Concrètement, « il faudrait mettre en place des politiques économiques qui visent essentiellement les pauvres à travers le ciblage des territoires où le taux de pauvreté est élevé, ainsi faire émerger la croissance par la base pour en faire profiter à toutes les franges de la population », souligne-t-elle.


 Les chiffres de la Direction de la prévision et des études économiques


Dans un document intitulé « Evolution du PIB (Produit intérieur brut) » et disponible sur son site internet, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) – une entité du ministère sénégalais de l’Economie et des finances – révèle les différents taux de croissance du PIB depuis 1981 et donne des projections pour les quatre prochaines années.

Le taux de croissance du PIB était de 6,7 % en 2003 et de 5,9 % en 2004.

En outre, de 2000 à 2012, « sous le régime du Président Abdoulaye Wade », le Sénégal n’a pas connu une croissance de 7 % d’une année à une autre.


La  Banque mondiale confirme la DPEE


La base de données sur les indicateurs du développement dans le monde de la Banque mondiale révèle – entre autres statistiques – l’évolution du taux de croissance (du Produit intérieur brut, PIB) de chaque pays.

Les chiffres relevés de ce document sont les mêmes que ceux recueillis auprès de la DPEE : le taux de croissance du PIB a bien été établi à 6,7 % en 2003 et à 5,9 en 2004.

« On ne peut pas prendre la liberté d’arrondir ce type de données »


Contacté par Africa Check, l’économiste Chérif Salif Sy a fait savoir que « même une différence de 0,1 %  - en termes de statistiques économiques - est énorme ».

« On ne peut pas prendre la liberté d’arrondir ce type de données. Si c’est 6,7 %, c’est que c’est 6,7 % », a-t-il énoncé.

Conclusion : l’affirmation est erronée


Au Sénégal, le leader du Grand Parti (opposition), Malick Gakou, a soutenu que le pays a déjà connu un taux de croissance de 7 % de son PIB « en 2003 ou 2004 », à l’époque où le pays était dirigé par Abdoulaye Wade.

Les données recueillies auprès de la Direction de la prévision et des études économiques du ministère sénégalais de l’Economie, et de la Banque mondiale ne confirment pas cette statistique. Le taux de croissance du PIB était de l’ordre de 6,7 % en 2003 et de 5,9 en 2004.

En termes de statistiques économiques, même une différence de 0,1 % est importante, a expliqué l’économiste Chérif Salif Sy à Africa Check. L’affirmation de Malick Gakou est donc fausse.

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