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Transfert d'argent : la destination Afrique coûte-t-elle plus cher ? (rectificatif)

Cet article date de plus de 5 ans

L’agence d’informations économiques Ecofin a fait écho d’un récent rapport produit par l’African Institute for Remittances (AIR), un organe rattaché à l’Union africaine et basé au Kenya. Il travaille sur les transferts des fonds des migrants africains vivant dans les pays développés.

« Le coût global des transferts de fonds vers et en Afrique a baissé pour atteindre 8,7 % des montants transférés, en décembre 2017, contre un taux de 12 % en 2012. L’Union africaine indique cependant que ce taux est encore loin de l’objectif des 3 % fixé par l’institution pour 2030 dans le cadre des objectifs de développement durable », rapporte l’agence Ecofin dans un article publié le 12 avril 2018.

« L’AIR a également souligné que les coûts de transferts de fonds vers l’Afrique sont les plus coûteux de toute la planète », selon Ecofin.

Les transferts de fonds vers l’Afrique sont-ils les plus chers au monde ? Africa Check a cherché les preuves.

La confirmation de l’Institut


Africa Check a contacté l’AIR qui a fourni le lien du rapport de décembre 2017. Ce document renseigne que les transferts de fonds des migrants africains sont estimés à 65 milliards de dollars (plus de 54 milliards d'euros, soit plus de 35.600 milliards de FCFA selon le taux de change au 7 mai 2018), faisant plus du double de l’aide publique au développement destinée aux pays africains. Cette aide est évaluée à 29 milliards de dollars (plus de 24 milliards d'euros soit près de 15.900 milliards de FCFA selon le taux de change au 7 mai 2018).

L’AIR constate toutefois que « les coûts de transfert sont encore  plus chers en Afrique, malgré la baisse ».

« Envoyer de l’argent en Afrique coûte cher »


Dans une étude intitulée « Réduire les coûts des transferts d’argent des migrants et optimiser leur impact sur le développement : Outils et produits financiers pour le Maghreb et la Zone franc », la Banque africaine de développement (BAD) montre que les frais liés aux transferts d’argent vers l’Afrique restent chers.

« L’analyse des marchés pris dans leur diversité tend à démontrer que les coûts des envois d’argent [en Afrique] demeurent plus élevés par rapport aux autres continents », souligne la BAD.

« Or, précise-t-elle, les ressources mobilisées au titre des envois d’argent pourraient être autrement plus importantes, si les frais d’envois étaient moins élevés et si l’offre de produits et de services étaient davantage adaptés aux besoins et aux attentes des concernés ».

Dans une autre étude intitulée « Les transferts des fonds des migrants : un enjeu de développement », la BAD indique que le volume des envois vers les pays d’origine augmente de 15 %. Mais les frais du service restent élevés, malgré une tendance à la baisse.


Et sur les autres continents ?


Dans une analyse de « l’évolution des coûts de transferts de fonds dans le monde » publiée en mars 2017, la Banque mondiale informe que le prix moyen est de 7,45 % du montant envoyé en 2017 contre 7,40 % en 2016.

Pendant que l’Asie du Sud reste la destination de fonds la moins chère dans le monde avec 5,40 %, en Afrique, la moyenne du coût de transfert est passée de 9,46 % en 2016 à 9,81 % à la fin du dernier trimestre de 2017.


Qu’est ce qui explique cette cherté ?


Africa Check a contacté George Joseph, économiste et expert à la Banque mondiale, qui a précisé qu’« au-delà des tarifs appliqués par les opérateurs de transfert d’argent, le taux de change entre monnaies européennes et africaines peut expliquer en partie la cherté liée à l’envoi de fonds en Afrique comparée aux autres régions ».

« En envoyant de l’argent à sa famille en Afrique, le migrant est dans une posture de vente d’euros ou de dollars. Ceci fait que le montant reçu par le destinataire est plus petit que la somme envoyée surtout lorsqu’il choisit la voie bancaire», a-t-il souligné.

Conclusion : l’affirmation est vraie


Les frais de transferts de fonds vers l’Afrique sont les plus chers au monde, a indiqué l’agence Ecofin, citant l’African Institute for Remittances (AIR).

A la lumière des données disponibles, la conclusion de l’AIR est fondée. Elle est confirmée par d’autres institutions qui suivent la question des transferts de fonds en Afrique.

La Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale relèvent, dans différentes études, cette cherté des frais d’envoi de fonds par les migrants africains vers leurs pays d’origine.

Par ailleurs, l’expert George Joseph a expliqué qu'au-delà des tarifs, le taux de change est un facteur explicatif. Toutefois, les données de la Banque mondiale indiquent que l’envoi coûte moins cher vers l’Afrique du Nord que vers le sud du Sahara.

Edité par Assane Diagne

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