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Bénin : cette vidéo ne montre pas des manifestations pour la démission du président Patrice Talon

EN BREF - Cette vidéo date de 2019 et a été filmée lors des manifestations post-électorales de mai 2019 au Bénin.

Le 15 septembre 2023, le compte Facebook Zeus Akpaléka a partagé une vidéo censée montrer une manifestation de Béninois qui demandent la démission de leur président Patrice Talon

Sur la vidéo, qui dure trente secondes, on voit un groupe de personnes scandant à répétition : « Talon Démission ! Talon Démission ! ». On voit également des agents des forces de l’ordre faire barrage à l’avancée de la foule.

« Urgent- Bénin. De nombreuses personnes au Bénin sont descendues dans la rue et ont appelé leur président @PatriceTalonPR à démissionner. Ils scandent :  ‘Talon, démissionne! , Talon, démissionne!…’ comme vous pouvez le constater (...) », est-il écrit dans le message qui accompagne cette vidéo. 

L’auteur de la publication ajoute : « Car si le Bénin permet à la France d’utiliser son pays comme base arrière pour attaquer le Niger, je puis vous assurer que nous allons bien les allumer, mal même!  Ça, ils peuvent en être sûrs » (NDLR : le texte de la publication a été reproduit ici sans correction ni modification.

Sur Facebook, Africa Check a repéré plus d'une vingtaine de publications similaires à celle que nous vérifions dans cet article (1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22).

Capture d'écran de la publication

Contexte

Dans un communiqué publié le 9 septembre 2023, la junte militaire au pouvoir au Niger depuis le coup d'État du 26 juillet 2023 a accusé la France de « déployer ses forces » dans plusieurs pays ouest-africains en vue d'une « agression » contre le Niger. Le régime militaire dirigé par le général Abdourahmane Tiani a indiqué avoir rappelé au Bénin, le respect de l’accord de coopération militaire conclu en 2022. 

« La République du Bénin a autorisé le stationnement des militaires mercenaires et matériels de guerre dans la perspective d’une agression voulue par la France en collaboration avec certains pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) contre le Niger », a indiqué le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) dans un communiqué lu à la télévision nationale.

Des manifestations datant de mai 2019 au Bénin

La recherche inversée d’image à partir du logiciel Small Seo Tools nous a permis de retrouver des détails sur le contexte dans lequel cette vidéo a été filmée.

Elle a été publiée sur X, par cet internaute, le 2 mai 2019. « Bénin deuxième jour de désordre comme répète la presse locale la foule crie talon démission (sic) », a écrit l'internaute.

Capture d'écran de la publication

Nous avons également retrouvé cette vidéo dans une publication de la page Facebook Observatoire de la Démocratie au Bénin datée du 3 mai 2019. Elle est accompagnée du message suivant : « Bénin 2019, Talon et ses législatives 2019 ».

Capture d'écran de la publication

En outre, le média béninois Banouto contacté par Africa Check pour des précisions, a publié, le 20 septembre 2023, un article dans lequel il démontre que cette vidéo remonte au 2 mai 2019 lors des violences postélectorales au Bénin.

De plus, à la date de publication de cet article, aucun média béninois ou international n'avait rapporté des informations sur une manifestation au Bénin pour réclamer la démission de Patrice Talon au pouvoir depuis 2016.

Contexte tendu lors des élections législatives de 2019 au Bénin

Les élections législatives de 2019 au Bénin se sont déroulées dans un contexte tendu marqué par une abstention massive des électeurs et un taux de participation estimé à 27,12 %. Selon plusieurs médias, l’opposition a été exclue de ce scrutin

« Seuls deux partis apparentés au pouvoir en place ont été autorisés par la Commission électorale nationale autonome à présenter leurs listes », avait rapporté Le Monde dans cet article datant du 16 avril 2019. 

Dans ce contexte des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays notamment à Cotonou, la capitale économique. L’ONG Amnesty International avait dénoncé « une répression post-électorale inquiétante ». 

« L’organisation a documenté entre le 28 avril, jour des élections législatives, et le 2 mai, la mort par arme à feu, d’au moins quatre personnes composées d’une mère de sept enfants, d’un jeune de 19 ans, et de deux autres hommes », avait rapporté Amnesty International dans un communiqué daté du 14 mai 2019.


Article édité par Valdez Onanina

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