Attention, cette photo ne montre pas des violences en Belgique dans un « effet boule de neige » avec les émeutes en France entre fin juin et début juillet 2023

Le 2 juillet 2023, un internaute identifié comme Jose Quesada Seminario a publié sur Facebook un long texte assorti d’une photo. Il y a fait état d’émeutes survenues en Belgique dans la foulée de violences ayant éclaté en France après qu’un adolescent a été tué par un policier lors d’un contrôle routier.

Le contexte

Le 27 juin 2023 au matin, « Nahel Merzouk, 17 ans, est tué par un policier » à Nanterre, une grande ville « à quelques kilomètres à peine du centre de Paris », la capitale française, rapporte la télévision francophone TV5Monde dans un article mis en ligne le 29 juin 2023. Sa mort, survenue lors d’un contrôle routier, « a marqué le début d'une séquence de violences urbaines en France », indique de son côté le diffuseur public France Info dans un article mis en ligne le 6 juillet 2023 sur ce drame.

Plusieurs villes françaises ont été touchées par ces troubles, incluant Nanterre et Paris, mais aussi Lille, Roubaix, proches de la Belgique, un des pays frontaliers de la France. Les « émeutes urbaines », comme le disent les autorités françaises, se sont étendues sur presque dix jours, « du 27 juin au 5 juillet 2023 », et elles « ont causé de nombreux dégâts », a relevé Vie publique, un portail gouvernemental français d’information légale et administrative à destination du grand public, dans un article publié le 26 juillet 2023 : « Dans plus de 500 communes, des centaines de bâtiments ont été endommagés ou détruits (écoles, bibliothèques, mairies, commerces…) ».

Au moins trois personnes ont été tuées dans ces violences, d’après un bilan rapporté par le journal français Le Point dans un article publié le 5 juillet 2023. « Au total, plus de 3 700 personnes ont été placées en garde à vue en lien avec ces émeutes, dont quelque 1 160 mineurs, selon des chiffres du ministère (français, NDLR) de la Justice », a indiqué la radio française Radio France Internationale (RFI) dans un bilan mis en ligne le 11 juillet 2023. D’après RFI, le ministère français de la Justice a également « fait état vendredi dernier (le 7 juillet 2023, NDLR) de près de 400 incarcérations », tandis que les assureurs ont établi « un premier bilan chiffré des dégradations des dégradations subies par les collectivités locales, les entreprises et les particuliers » dans le pays, avec une facture estimée à « 650 millions d’euros ».

Répercussions des émeutes en Belgique voisine

En Belgique, « des communes proches de la frontière française ont décidé d’interdire temporairement la vente de feux d’artifices pour éviter que des jeunes impliqués dans les émeutes ne viennent s’y fournir en matériel pyrotechnique, ensuite détourné et utilisé contre les forces de l’ordre », a encore indiqué RFI sur son site le 1ᵉʳ juillet 2023.

Dans un article publié le 30 juin 2023, le magazine belge en français Moustique a fait état d’une cinquante de personnes visées par une mesure d’interpellation administrative à Bruxelles, la capitale belge, et Liège. Cette décision a été prise après des échauffourées à Bruxelles entre des jeunes et des membres des forces de l’ordre le soir du 29 juin 2023.

C’est dans ce contexte que l’internaute Jose Quesada Seminario a partagé le 2 juillet 2023 sur Facebook son texte sur les émeutes en Belgique, en anglais et en espagnol. Nous avons traduit en français les extraits utilisés ultérieurement dans cet article.

Que dit la publication ?

« Des émeutes éclatent maintenant en Belgique alors qu'un grand nombre de migrants commencent à piller et à brûler la ville », a écrit cet internaute, sans préciser de quelle ville il parle. « La police mobilise d'énormes réserves pour essayer d'arrêter le soulèvement là-bas, mais il semble qu'un autre État de l'UE (Union européenne, NDLR) est sur le point de prendre feu. Alors que les agriculteurs néerlandais sont chassés de leurs fermes par Klaus Schwab, le dirigeant du Forum économique mondial, c'est aux Pays-Bas que les flammes de la rébellion vont s'allumer. La France continue de se désintégrer alors que l'on parle d'une prise de contrôle militaire du gouvernement », a-t-il ajouté dans la partie en anglais, qu’il a attribuée à un Britannique opposé à l’Union européenne, Jim Ferguson, hommes d’affaires ayant tenté une carrière en politique.

Klaus Schwab, dont le nom est cité, est un économiste allemand. Il a fondé en 1971 le Forum économique mondial (WEF, pour World Economic Forum), qui se présente comme une « organisation internationale pour la coopération public/privé » sur son site en anglais (son site en français « n’est plus disponible », il a été « mis hors service », précise ses administrateurs, NDLR). Il est surnommé Forum de Davos, car il réunit une fois l’an dans cette ville en Suisse des dirigeants politiques, économiques et des entrepreneurs du public et des privés.

Dans la suite de son texte en espagnol, d’après notre traduction, Jose Quesada Seminario a écrit : « Comme nous l'avions prévu, une fois le contrôle perdu et compte tenu de l'ampleur considérable de la violence armée, voire des jets de bazooka en France, l'effet ‘boule de neige’ se produit progressivement et de plus en plus de mercenaires immigrés mettent le feu et détruisent tout sur leur passage, prenant même position sur les Champs-Élysées où des milliers de policiers tentent de les empêcher de le faire. Ils se déplacent également pour faire de même en Belgique et, semble-t-il, en Suisse ».

(Voici le texte d’origine pour cette partie : « Tal como lo anticipamos, una vez perdido el control y dada la magnitud considerable de violentistas armados, incluso lanzando bazucasos en Francia se produce gradualmente el "efecto bola de nieve" y cada vez son más los mercenarios inmigrantes incendiando y destruyendo todo a su paso, incluso están tomando posiciones en les Champs Elysées en donde hay miles de policías tratando de impedirlo. También están entrando a hacer lo mismo en Bélgica y aparentemente en Suiza también ».)

Il a ajouté à sa publication une photo prise de nuit, montrant une voiture qui brûle sous le regard d’un petit groupe de personnes.

À propos de l’auteur de la publication

Jose Quesada Seminario se présente comme responsable d’une société de conseil et membre d’une association péruvienne promouvant une gestion « méritocratique » du Pérou.

Dans ses « lieux de résidence », il a mentionné San Isidro comme « ville actuelle » et Ottawa, la capitale du Canada, comme « ville d’origine ».

Il existe des villes ou localités portant le nom de San Isidro dans différents pays : c’est le cas en Argentine, en République dominicaine et au Pérou. La San Isidro sur le profil de Jose Quesada Seminario pointe vers celle située au Pérou et qui est un district de Lima, la capitale péruvienne.

Photo prise à Amsterdam, aux Pays-Bas, en 2022

Une vérification avec l’outil de recherche inversée d’images TinEye fait apparaître la photo utilisée par Jose Quesada Seminario sur le site de la banque d’illustrations Alamy sous le numéro d’identification 2KPJYM7 (Image ID: 2KPJYM7). La même image est également enregistrée sous le numéro 2KNH2E4 (Image ID: 2KNH2E4).

Selon les détails fournis par Alamy, elle a été prise le 27 novembre 2022 par Amsterdam par l’ANP, une agence de photographie néerlandaise. Elle montre une voiture incendiée après la victoire (2-0) du Maroc contre la Belgique à la Coupe du monde de 2022. D’après la légende, la scène a pour décor le Mercatorplein, une place mythique dans la ville d’Amsterdam, où des manifestations de joie pour fêter la victoire du Maroc ont tourné à des émeutes.

(...)

L’édition 2022 de la Coupe du monde de football (ou Mondial-2022) a été organisée au Qatar du 20 novembre au 18 décembre 2022.

Une recherche avancée permet de constater que la photo de la publication sur Facebook de Jose Quesada Seminario a été publiée par d’autres médias, pour évoquer les incidents survenus à Amsterdam le 27 novembre 2022.

C’est le cas du journal britannique The Sun (article mis en ligne le 27 novembre 2022, actualisé le lendemain) et du média néerlandais Trouw (article publié le 27 novembre 2022, en accès restreint).

(...)

Autant de choses confirmant que la photo de la publication sur Facebook de Jose Quesada Seminario n’a pas de lien avec des violences en Belgique, dans la foulée des émeutes enregistrées entre fin juin et début juillet 2023 en France.