Retour sur Africa Check

La « journaliste britannique » qui « mouille » Ousmane Sonko est introuvable

Le site ghanéen Modern Ghana a envoyé vendredi un courriel à Africa Check pour indiquer s'être rendu compte que l'auteur de l'article est en fait "un imposteur, puisqu'il s'agit d'un homme", sans donner plus de détails sur son identité. Le site a publié plus tard une note de précision sur sa décision de retirer l'article.

Plusieurs sites d’information sénégalais ont repris jeudi, l’article publié par le quotidien Les Echos affirmant qu’Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de février 2019 est « cité dans des liaisons dangereuses avec Tullow Oil », une compagnie pétrolière.

(Note : il ne s'agit pas ici de confirmer ou d'infirmer l'implication d'Ousmane Sonko dans cette affaire mais plutôt d'interroger la fiabilité de l'article qui le « mouille » ).

Le journal, citant une « journaliste britannique » Michelle Damsen, présentée comme une spécialiste des questions pétrolières, ajoute que la compagnie pétrolière Tullow Oil, « a ciblé Ousmane Sonko pour l’aider dans sa communication en échange d’une forte somme d’argent ».

Mais plusieurs faits troublants suscitent des interrogations.

Une contribution dans un site ghanéen




L’article de la « journaliste » Michelle Damsen a été publié sur le site ghanéen Modern Ghana. Alors que son auteure est présentée, par les médias sénégalais qui en parlent, comme une « journaliste d’investigation », le texte, lui, n’est pas le résultat d’une enquête mais plutôt une contribution qui a été publiée dans la rubrique opinion du site.

Par ailleurs, l’article se contente d’affirmer qu’Ousmane Sonko a bénéficié de l’appui financier d’une grande compagnie européenne, sans citer le nom de ladite compagnie ni spécifier la valeur dudit soutien financier.

Qui est Michelle Damsen ?


Michelle Damsen est présentée comme une « journaliste londonienne spécialiste des questions de pétrole et de gaz ».

Aucune recherche sur Google n’a permis de trouver le moindre article d’enquête publié par elle. Le seul texte écrit par Michelle Damsen auquel renvoie le moteur de recherche, c’est celui portant sur Ousmane Sonko.

En outre, toutes nos recherches sur les différents réseaux sociaux ont été infructueuses. Aucune trace de Michelle Damsen sur Twitter, Facebook, encore moins Linkedin. Ce n’est certes pas une preuve suffisante, mais c’est tout de même une curiosité.

Africa Check a également envoyé un courriel à la rédaction de Modern Ghana pour entrer en contact avec Michelle Damsen. Le site ghanéen nous a fait savoir qu’il ne pouvait pas nous donner l'adresse email de la concernée, mais qu’il pouvait transférer notre message à Mme Damsen. Notre sollicitation est restée sans réponse.

Par ailleurs quelques minutes après notre email, Modern Ghana a retiré l’article de Michelle Damsen en expliquant l'avoir fait « dans l’attente des preuves de son auteure », tout en précisant, en anglais, que le texte est « une opinion d’un individu et non de l’information ».

Recontacté par Africa Check pour avoir des détails sur les raisons du retrait de l’article, Modern Ghana a expliqué que c’est « parce que l’auteure n’a pas été en mesure de soutenir ses accusations avec des preuves concrètes » et  qu'elle « promet de le faire à la fin du mois ».


Michelle Damsen ou Michelle Madsen


Plus tard dans la journée du jeudi 10 janvier 2019, le site internet Pressafrik a publié un article indiquant que la journaliste Michelle Damsen est « introuvable ». Mais des internautes ont publié sur Facebook une capture d’écran du compte Twitter d’une certaine Michelle Madsen, journaliste d’investigation, suggérant qu’il s’agit d’une erreur dans l’écriture du nom Madsen.

Michelle Madsen dispose de trois sites internet, dont celui affiché sur son compte Twitter qui n'était pas fonctionnel quand nous avons essayé de le visiter.

Nous sommes finalement entrés en contact avec elle pour savoir si elle est l’auteure de l’article publié sur Modern Ghana. Ce qu’elle a nié.

« Faux documents »




Vendredi 11 janvier 2019, un document présenté comme émanant de Tullow Oil, a été largement diffusé par des media et sur les réseaux sociaux. Dans la foulée, la compagnie britannique a réagi sur Twitter, indiquant qu'elle « n'a effectué aucun paiement à (Ousmane) Sonko » et que « les documents sont des faux » - Samba Dialimpa Badji

Republiez notre contenu gratuitement

Veuillez remplir ce formulaire pour recevoir le code de partage HTML.

Pour les éditeurs : que faire si votre publication est évaluée comme étant fausse

Un vérificateur de faits a évalué votre publication Facebook ou Instagram comme étant « fausse », « manipulée », « partiellement fausse » ou « contexte manquant ». Cela pourrait avoir de graves conséquences. Que devez-vous faire?

Cliquez sur notre guide pour connaître les étapes à suivre.

Guide des éditeurs

Africa Check fait équipe avec Facebook

Africa Check est un partenaire du programme de vérification des faits par des tiers de Meta pour aider à arrêter la diffusion de fausses informations sur les médias sociaux.

Le contenu que nous considérons comme "faux" sera déclassé sur Facebook et Instagram. Cela signifie que moins de gens le verront. Vous pouvez également aider à identifier les fausses informations sur Facebook. Ce guide vous explique comment.

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
limite : 600 signes
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Voulez-vous continuer à lire nos vérifications des faits ?

Nous ne vous ferons jamais payer pour des informations vérifiées et fiables. Aidez-nous à poursuivre cette voie en soutenant notre travail

S’abonner à la newsletter

Soutenir la vérification indépendante des faits en Afrique