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Sénégal : cette image n’a aucun rapport avec le chavirement d'une pirogue survenu le 12 juillet 2023

EN BREF - Cette image montre plutôt l’arrivée de migrants sur l'île de Rhodes Island, en Grèce, en avril 2015, après l'échouement d’un navire transportant 200 personnes "sans-papiers".

Au Sénégal, l’émigration clandestine est un sujet récurrent dans le débat public et dans les médias. Dans un document daté du 15 juillet 2023, le maire de Rufisque, une ville située à environ 30 kilomètres à l’est de la capitale sénégalaise Dakar, a annoncé le décès, en haute mer, de jeunes de sa localité « suite au chavirement de la pirogue à bord de laquelle ils espéraient gagner les îles Canaries ».  Les îles Canaries, un archipel espagnol frontalier aux côtes marocaines, est l’un des  points de passage des migrants clandestins en provenance d’Afrique pour rejoindre l’Europe. 

Interrogé par l’Agence France Presse (AFP) dans une dépêche reprise, le 21 juillet 2023, par la chaîne d’information panafricaine Africanews, le maire de Rufisque a confirmé la mort d’au moins 13 jeunes de son département, candidats à l’émigration irrégulière. 

Quelques jours plus tôt, le 12 juillet 2023, au moins quatorze (14) personnes ont péri et quatre (4) autres ont été blessées après le naufrage de leur embarcation à Saint-Louis (nord du Sénégal), en direction des côtes marocaines. 

Après l’annonce de ce drame, la page  ZIKFM 89.7 Officiel a publié le même jour sur Facebook, un article de presse sur le bilan provisoire du nombre de victimes liées à ce drame.

« Six morts après le chavirement d'une pirogue : À Saint-Louis, un nouveau drame de l'émigration clandestine. C'est aux environs de 5h30mn que la pirogue qui transportait des migrants a chaviré ce mercredi (...) Une enquête est aussi ouverte pour déterminer les causes réelles du chavirement et le point de départ de cette embarcation », est-il précisément écrit dans cette publication illustrée d’une image montrant des personnes immergées et recevant des secours.

Capture d'écran de la publication

La page ZIKFM 89.7 Officiel se présente comme une radio urbaine sénégalaise de proximité. Elle a été créée le 12 mars 2017 et les personnes qui l’administrent sont localisées au Sénégal, d’après les informations fournies sur la transparence de la page.

Capture d'écran de la publication

La même publication a été faite par d’autres utilisateurs sur Facebook (1, 2). 

Photo de l’arrivée de migrants en Grèce en 2015

Grâce au logiciel TinEye permettant d’effectuer une recherche inversée d’images, nous avons pu déterminer l’origine exacte de cette image.

Elle apparaît dans un article du média allemand Der Spiegel datant du 24 avril 2015. Selon le texte décrivant la photo, il s’agit : « Des migrants (qui) arrivent sur l'île de Rhodes, en Grèce, le 20 avril 2015 ».

Capture d'écran de la publication

L’image a été prise par le photographe grec Loukas Mastis pour l’agence de presse allemande dpa. La même image se retrouve aussi dans la galerie de l’agence européenne photos de presse (EPA) sous la signature de Loukas Mastis. 

Capture d'écran de la publication

Selon EPA, la photographie a été réalisée au moment de l’arrivée de « migrants illégaux sur la plage de Zefyros sur l'île de Rhodes, (en) Grèce, le 20 avril 2015 » après l'échouement d’un navire avec 200 sans-papiers à bord sur la plage centrale de Rhodes Zefyros. 

« Un voilier transportant plusieurs dizaines de migrants s'est échoué lundi 20 avril au large de l'île grecque de Rhodes, ont annoncé les garde-côtes qui font état d'un premier bilan de trois morts. Plus de 90 occupants ont été secourus, dont 30 ont dû être hospitalisés. Selon La Repubblica (en italien), les autorités estiment à 200 le nombre de personnes qui ont embarqué sur le voilier en bois parti de Turquie. Le navire s'est totalement détruit sur le rivage de Rhodes. Sur les images diffusées par le site grec Rodiaki (lien en grec), on voit des naufragés s'agripper à des radeaux de fortune ou à des planches de bois », lit-on dans un article de France Info datant du 20 avril 2015.

Article relu et corrigé par Dieynaba Thiombane, complété et édité par Valdez Onanina.

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