Retour sur Africa Check
Montage / Africa Check

« Un planteur met le feu à sa parcelle et périt dans l’incendie » en février 2024 dans la zone de Bangolo, en Côte d’Ivoire : cette photo n’a pas été prise sur les lieux du drame

EN BREF – La photo de la publication partagée peut induire en erreur. Elle n’est pas liée au drame survenu, selon un média ivoirien, en février 2024 dans la zone de Bangolo, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Nous n’avons pas réussi à remonter à son origine, cependant, elle est utilisée à titre d’illustration depuis plusieurs années par divers sites et publications en ligne, au moins depuis 2013.

Sur Facebook, la page NDC-Nouvelles Du Continent a publié le 7 mars 2024 un texte accompagné d’une photo faisant état de la mort d’un paysan qui pratiquait la culture sur brûlis dans la zone de Bangolo.

Bangolo est un département situé dans l’ouest de la Côte d’Ivoire.

La culture sur brûlis est pratiquée de longue date dans certaines zones en Afrique ou en Asie : des paysans brûlent des parcelles boisées pour éliminer des arbres ou plantes, aménager de l’espace pour faire un champ. « Cette technique est particulièrement utilisée comme moyen de défrichement et de fertilisation dans la zone tropicale et équatoriale », explique l’encyclopédie généraliste en français en ligne, Encyclopædia Universalis, dans un article sur ce sujet. « En zone intertropicale, la culture sur brûlis constitue une bonne adaptation aux conditions climatiques et pédologiques de la forêt humide », où elle permet aux paysans « de tirer parti de la fertilité des sols forestiers et notamment de leur richesse en humus. Mais, par suite de la croissance démographique des populations concernées (Amazonie, Afrique, Indonésie), la récupération des terres forestières pour l'agriculture et l'élevage représente la principale cause de destruction des forêts tropicales ».

Ce que dit la publication du 7 mars 2024 de NDC-Nouvelles du Continent

«  🛑🇨🇮BANGOLO : un planteur met le feu à sa parcelle et périt dans l’incendie », a écrit NDC-Nouvelles Du Continent dans ce message. « Gansoré Kassoum, planteur bien connu, est retrouvé mort dans l'incendie de sa plantation. Une enquête est en cours pour comprendre les circonstances de sa mort et prévenir de futures tragédies. Source : Infodrome », a-t-il ajouté, en référence à un portail ivoirien d’information, Linfodrome (le média écrit son nom sans apostrophe entre l’article et le substantif).

Sur la photo qui accompagne le texte, un homme arborant une casquette bleue, un débardeur jaune, un pantalon kaki semble en train de mettre du feu à de la broussaille. On ne voit pas ses pieds. Derrière lui, sur une ligne suivant ses pas, des flammes consument de l’herbe sèche et un arbuste. Des nuages de fumée s’élèvent dans l’air, dans une zone rurale ou un champ.

L’article d’origine a été publié le 6 mars 2024 par Linfodrome sur son site, avec la même image que nous vérifions, en précisant qu’il s’agit d’une photo d’illustration, mais sans plus de détails. Le portail en a également fait une publication sur le sujet le 7 mars 2024 sur sa page Facebook.

« Le paisible village de Béhoué-Zibiao, situé dans la sous-préfecture de Zéo, département de Bangolo, a été le théâtre d'une tragédie le mercredi 28 février 2024. Gansoré Kassoum, planteur de 39 ans bien connu dans la région, a perdu la vie dans l'incendie de sa propre plantation, suite à un feu de brousse », a rapporté Linfodrome dans son article. Le cultivateur avait mis le feu à une parcelle dans son champ, le vent l’a avivé, il s’est propagé, cernant le paysan qui n’a pu le contenir et en réchapper. « Les secours, arrivés trop tard, ont découvert le corps du planteur lorsque les flammes ont enfin été maîtrisées », selon le même récit.

Sur cette plateforme du groupe Meta, la même photo apparaît dans d’autres publications évoquant le même fait (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10).

Capture 01 Meta check relu CS CoteIvoire-agriculture-incendie-Bangolo

À propos de la page NDC-Nouvelles Du Continent

Cette page a été créée le 29 juillet 2017 et a été enregistrée comme une « société de médias/d’actualités ». Dans sa présentation, elle indique que « le média Nouvelles Du Continent (NDC) est un organe de presse en ligne ».

Selon les indications sur sa transparence, elle a changé six fois de nom, entre sa création et le moment où nous publions cet article, passant de Nouvelles de notre continent à l’actuelle appellation, en date du 27 octobre 2021. Les personnes qui l’administrent sont basées en Côte d’Ivoire.

D’après des renseignements fournis à Facebook, elle est localisée à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire. Elle est liée à un numéro de portable ivoirien, à une adresse de messagerie professionnelle et à un site non fonctionnel au 28 mars 2024.

Capture 02 Meta check relu CS CoteIvoire-agriculture-incendie-Bangolo
Capture 03 Meta check relu CS CoteIvoire-agriculture-incendie-Bangolo
Capture 4 Meta check relu CS CoteIvoire-agriculture-incendie-Bangolo

En outre, Facebook a indiqué avoir supprimé une des publications sponsorisée ayant été considérée comme une publicité déguisée, car elle a été « diffusée sans l’avertissement requis » entre fin mars et début avril 2023. « Cette publicité portant sur des enjeux sociaux, électoraux ou politiques n’incluait pas d’avertissement vérifié ‘Financé par’ », a expliqué la plateforme de Meta, qui demande dans ce genre de cas d’indiquer qui a financé la publication.

Capture 05 Meta check relu CS CoteIvoire-agriculture-incendie-Bangolo

Africa Check a déjà vérifié une de ses publications dans un précédent article.


Lire : « Cette photo n’a pas été prise après un accident de la route survenu en février 2024 à Abomey-Calavi, dans le sud du Bénin (elle date de janvier 2023) ».


Une photo utilisée à titre d’illustration sur internet au moins depuis 2013

Nous avons effectué une recherche inversée d’images sur cette photo avec plusieurs outils dédiés, TinEye, Google Images et Yandex.

Nos recherches ne nous ont pas permis, à ce stade, de savoir quand, où et par qui a été réalisée cette photo de la publication vérifiée, mais elles nous permettent d’assurer qu’elle n’est pas récente. L’image est utilisée au moins depuis 2013 par divers sites, incluant des médias en ligne, des pages de blog ou des pages sur les réseaux sociaux.

Nous avons retrouvé une de ses plus anciennes occurrences dans les archives d’un blog, Infosduzanzan, créé par des jeunes « originaires du district du Zanzan, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire », proche de la frontière avec le Ghana. La photo est visible dans un article daté du 12 février 2013 et traitant de « la tradition du feu de brousse » dans cette zone. Le blog, qui ne semble plus alimenté depuis 2014, mentionne comme crédit pour la photo africatime.com.

Capture 06 Meta check relu CS CoteIvoire-agriculture-incendie-Bangolo

Africatime.com fait référence à AfricaTime, un portail qui n’existe plus. Il se voulait une porte vers « les sites de tous les pays d’Afrique, les sites panafricains, les sites relatifs à l’Afrique », selon une version de sa page d’accueil sauvegardée le 7 juillet 2012 sur le site Archive Today.

Nous n’avons pas pu y retrouver l’archive de la page d’AfricaTime ayant publié la photo mentionnée par les blogueurs ivoiriens.

Capture 07 Meta check relu CS CoteIvoire-agriculture-incendie-Bangolo

« Nous n’avons aucune image du drame » survenu dans la zone de Bangolo

Dans son article sur les faits mentionnés dans la publication vérifié, Linfodrome a cité comme source un journaliste ivoirien, Norbert Nkaka.

Joint par Africa Check, Nkaka a affirmé : « Pour plus de précisions, le planteur n’est pas mort brûlé, il est mort d’asphyxie. Nous n’avons aucune image du drame. Les photographies utilisées dans les différents articles servent juste à illustrer ce qui s’est passé ».


Article complété et édité par Coumba Sylla.

Republiez notre contenu gratuitement

Veuillez remplir ce formulaire pour recevoir le code de partage HTML.

Pour les éditeurs : que faire si votre publication est évaluée comme étant fausse

Un vérificateur de faits a évalué votre publication Facebook ou Instagram comme étant « fausse », « manipulée », « partiellement fausse » ou « contexte manquant ». Cela pourrait avoir de graves conséquences. Que devez-vous faire?

Cliquez sur notre guide pour connaître les étapes à suivre.

Guide des éditeurs

Africa Check fait équipe avec Facebook

Africa Check est un partenaire du programme de vérification des faits par des tiers de Meta pour aider à arrêter la diffusion de fausses informations sur les médias sociaux.

Le contenu que nous considérons comme "faux" sera déclassé sur Facebook et Instagram. Cela signifie que moins de gens le verront. Vous pouvez également aider à identifier les fausses informations sur Facebook. Ce guide vous explique comment.

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
limite : 600 signes
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Voulez-vous continuer à lire nos vérifications des faits ?

Nous ne vous ferons jamais payer pour des informations vérifiées et fiables. Aidez-nous à poursuivre cette voie en soutenant notre travail

S’abonner à la newsletter

Soutenir la vérification indépendante des faits en Afrique