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Montage / Africa Check

Cette photo n’est pas liée à l’accident de deux navires de guerre du Royaume-Uni à Bahreïn en janvier 2024 : elle date de novembre 2007

EN BREF – L’image de la publication vérifiée n’a pas été prise en janvier 2024 à l’occasion de la collision de deux navires de guerre du Royaume-Uni à Bahreïn, mais plus de seize ans auparavant, en novembre 2007, lors d’un exercice militaire de forces navales américaines dans ce pays du golfe Persique.

Sur Facebook, la page Kora Media a publié le 21 janvier 2024 un texte avec une photo relatifs à une collision de deux navires de la marine du Royaume-Uni dans un port de Bahreïn, n’ayant pas causé de mort.

Contexte

En janvier 2024, plusieurs médias ont rapporté cette collision, survenue le 19 janvier, selon un communiqué de la Marine royale britannique (Royal Navy) partagé le même jour notamment sur le réseau social X (précédemment Twitter).

« Je suis au courant d'un incident qui s'est produit entre deux chasseurs de mines dans le port de Bahreïn. Je tiens tout d'abord à souligner que la collision n'a, heureusement, fait aucun blessé, mais qu'elle a causé des dégâts. La raison de cet incident n'a pas encore été déterminée », a déclaré le contre-amiral Edward Ahlgren, commandant des opérations de la Marine britannique, dans ce communiqué en anglais.

L’accident a impliqué deux navires de guerre britanniques, le HMS Chiddingfold et le HMS Bangor, HMS étant le sigle de l’expression en anglais « His Majesty's Ship », « les navires du roi », en français, précisé le journal français Le Figaro dans un article mis en ligne le 20 janvier 2024 (et actualisé le 21 janvier 2024). Il s’agit de « deux chasseurs de mines », qui « se sont percutés dans le port de Bahreïn, où la Royal Navy occupe une base militaire permanente depuis 2014 », a ajouté le journal.

L’État de Bahreïn est un archipel situé dans le golfe Persique, entre le Qatar et l’Arabie saoudite. La plus grande de ses îles est Bahreïn, et sa capitale est Manama.

Un chasseur de mines est un bateau de guerre utilisé contre les mines sous-marines, selon des sites spécialisés. Il a notamment « pour mission de détecter, d’identifier et de neutraliser les mines immergées afin de garantir le libre accès des ports militaires et des principaux ports civils », les armées y ont recours pour des opérations « amphibies ou aéronavales », peut-on lire dans une fiche d’information de la Marine française sur les « chasseurs de mines tripartite ».

D’après Le Figaro, les navires de guerre entrés en collision « sont déployés dans le cadre de l’opération Kipion, qui vise à ‘promouvoir la paix et la stabilité’ dans le golfe Persique et l'océan Indien. Depuis leur accident, ils sont en réparation ».

Le Royaume-Uni a une présence militaire de longue date et des intérêts économiques dans cette région riche en pétrole et gaz. Cette collision de ses bâtiments de guerre se produit dans un contexte de tensions et de conflit, notamment un nouveau cycle de violences en cours depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas, groupe politique et militaire palestinien, sur Israël. Des centaines de personnes ont été tuées en Israël, selon les Israéliens, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, selon les Palestiniens. Ces bilans sont difficiles à vérifier de manière indépendante, et ils évoluent, la situation sur le terrain demeurant instable au moment où nous mettons en ligne cet article.


Voir : « Guerre Israël-Hamas : la vidéo dans laquelle le footballeur 'Cristiano Ronaldo soutient la Palestine' est truquée, avec des images manipulées ou sorties de leur contexte »


Le 12 janvier 2024, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes contre des installations de Houthis au Yémen, pays en guerre depuis 2015. D’après des médias occidentaux, ces rebelles yéménites « menacent depuis des semaines le trafic maritime international en mer Rouge, en ‘solidarité’ avec les Gazaouis » mais également « d'attaquer d'autres navires ».

Les Houthis sont des chiites soutenus par l’Iran face à une coalition de pays menée par l'Arabie saoudite depuis mars 2015. Les frappes américano-britanniques du 12 janvier 2024, effectuées « avec le soutien de quatre autres pays », « font suite aux attaques répétées » des Houthis « envers des navires marchands en mer Rouge depuis le 19 novembre 2023, en dépit des nombreux avertissements de la communauté internationale », peut-on lire dans une note de presse de l’ONU publiée le 12 janvier 2014 à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité sur le sujet.

Dans un rapport publié en novembre 2021, l’ONU avait estimé qu’à la fin de l’année 2021, le conflit au Yémen aurait causé la mort de quelque 377 000 personnes, incluant des décès indirects (quelque 227 000 personnes) et des décès directs. Parmi les causes indirectes de décès, elle avait cité le manque d’eau potable, la faim, les maladies.

À propos de la publication de Kora Media du 21 janvier 2024

« Le Royaume-Uni déclare que deux navires de la marine sont entrés en collision à Bahreïn et ont subi des dégâts », peut-on lire dans le texte publié par Kora Media sur Facebook le 21 janvier 2024, accident survenu « vendredi », correspondant au 19 janvier 2024. « La Royal Navy travaille avec la marine américaine dans la région du Golfe pour tenter de protéger les navires de la mer Rouge contre une recrudescence des attaques des forces Houthis basées au Yémen. Les Houthis affirment agir en solidarité avec le groupe palestinien Hamas, engagé dans un conflit avec Israël à Gaza. Les attaques ont perturbé le commerce mondial et fait craindre des goulets d’étranglement dans l’approvisionnement », selon des extraits du même texte, semblable à plusieurs récits dans la presse mais ne citant aucun média comme source.

La publication est complétée par une photo montrant un navire de guerre et plusieurs petits bateaux en mer, que survole un hélicoptère. Dans l’arrière-plan, sont visibles des installations difficiles à déterminer, en raison de la mauvaise qualité du cliché publié : réservoirs de stockage, infrastructures industrielles ou centrales énergétiques…

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À propos de Kora Media

Kora Media se présente comme une société de média et d’actualités.

La page sur Facebook a été créée le 23 décembre 2021 sous le nom de Cora 24, puis rebaptisée le même jour Kora Media. Elle est gérée depuis le Mali, selon les renseignements fournis par la plateforme.

Elle est localisée à Moribabougou, dans la périphérie de Bamako, la capitale malienne. Elle est liée à un numéro de téléphone portable malien et à un compte du service de courrier électronique de Yahoo.

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Africa Check a plus d’une fois vérifié ses publications contenant, d’après les résultats de nos recherches, des photos non créditées, hors contexte ou trompeuses.

Photo prise en novembre 2007

La recherche inversée d’images avec le logiciel TinEye permet de constater que la photo de la publication que nous vérifions n’a pas été prise le 12 janvier 2024 ou ultérieurement.

Elle a été réalisée le 6 novembre 2007 pour l’Agence France-Presse (AFP) par un de ses photographes collaborateurs à l’époque, Adam Jan, d’après les résultats de la recherche.

Nous avons retrouvé le cliché sous le numéro 77730668 dans les archives de la banque d’images en ligne Getty Images.

D’après la légende (en anglais), la photo montre « un remorqueur océanique de la Marine américaine et un hélicoptère » d’une flotte basée à Bahreïn qui « participent à un exercice de réponse à une crise dans un port de la capitale, Manama, le 6 novembre 2007 ». L’exercice consistait à réagir « à une crise impliquant une simulation de déversement de pétrole dans un port de Bahreïn », selon la même source.

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Article rédigé par Faysal Arnold Boukary, complété et édité par Coumba Sylla.

 

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